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Pour quelques roupies de plus

22 avril 2015, 11:10

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Pour quelques roupies de plus

Depuis son éclatement, l’affaire Bramer Bank-BAI a été analysée sous toutes ses coutures - ou presque - par la presse. Toutefois, dans cette course effrénée aux nouvelles, il y a un aspect qui n’a pas beaucoup retenu l’attention des médias - probablement parce que ce n’est pas suffisamment vendeur. Il s’agit en fait de la méconnaissance des mécanismes financiers de base par une large frange de la population.

 

Loin de nous l’idée de pointer un doigt accusateur vers qui que ce soit, mais il est connu que l’homme de par sa nature est malheureusement guidé par l’appât du gain. Dans un environnement où le retour sur investissement est en baisse voire à zéro dans certains cas lorsque ce n’est pas carrément des taux négatifs qui sont offerts, ils sont nombreux à se laisser tenter de travel the extra mile pour quelques roupies de plus.

 

C’est aussi ce qui, à notre sens, à grandement contribué, en sus de la défaillance du système de surveillance, à favoriser les dérives auxquelles nous avons assisté ces temps derniers. D’où également l’apparition des Whitedot et Sunkai dans notre paysage financier.   

 

Il est facile dans ce genre de situation de jeter tout le blâme sur les victimes des arnaques financières en les affublant de tous les noms ou de les accuser de tous les péchés dont celui de l’avidité. N’empêche, cela ne résoudra rien car le mal est beaucoup plus profond. Il prend ses racines dans un manque de culture financière.

 

Les signes sont devenus plus vi-sibles dans le sillage de la crise financière qui a entraîné une dégringolade de la rémunération de l’investissement. Il n’y a pas à rougir de nos faiblesses car Maurice n’est pas le seul pays à être affecté. Même en Europe, des études ont démontré que durant la crise, des gens ont investi dans des produits qu’ils ne maîtrisent pas. 

 

En revanche, il est possible de rectifier le tir. À un moment où le gouvernement se propose d’introduire l’éducation sexuelle à l’école, le ministère de l’Éducation gagnerait également à étudier la possibilité d’en faire de même avec un programme sur la finance. L’idée n’est pas de transformer nos enfants en as de la finance, mais de leur inculquer des notions de base. 

 

En exposant les jeunes aux rudiments de la finance à partir de l’école, on peut les aider à se développer en citoyens responsables. C’est ce que nous souhaitons tous, mais le système éducatif n’est pas au diapason de l’évolution de la société mauri-cienne. Le pays a certes connu plusieurs phases de développement depuis l’indépendance mais le modèle – s’agissant de l’éducation – est resté presque figé dans le temps frei-
nant ainsi des quatre fers la transition économique.

 

Il est malheureux de le dire, mais nous n’avons pu jusqu’ici trop compter sur la classe politique pour y remédier car la question est jugée ultra-sensible. Donc, personne n’ose l’attaquer de front mis à part quelques petites retouches çà et là avec les résultats que nous connaissons. 

 

Cela dit, il n’y a pas que l’école dans l’équation. Les institutions financières du pays ont également un rôle crucial à jouer dans l’exercice de dissémination du savoir. Dans un contexte marqué par une baisse des taux d’intérêt et, par ricochet, de la rémunération de l’épargne, il est tout à fait normal que les gens cherchent des alternatives aux instruments traditionnels. Toutefois, pour éviter que cette quête ne se transforme en une aventure financière à l’aveugle, comme cela a été le cas dans les Ponzis avérés, il est nécessaire de baliser le terrain.  

 

C’est à ce niveau que doivent intervenir les autorités régulatrices et aussi des organisations non gouvernementales à travers des campagnes de sensibilisation afin de dissiper des doutes, de briser des tabous, de cas-ser les idées reçues, voire de démystifier la finance. Un vaste chantier en perspective mais qui portera certainement ses fruits.