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Nous sommes tous (presque) égaux
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Nous sommes tous (presque) égaux
L’ancien Premier ministre s’est réveillé ce matin dans une cellule policière. Encore heureux que ce n’est pas à Alcatraz mais au plus salubre Moka Detention Center qu’il a passé sa troisième nuit en détention policière depuis sa défaite électorale. Ce matin Navin Ramgoolam ne fumera pas son cigare mais devra se rendre au Bail and Remand Court pour savoir s’il retrouvera ou pas la liberté conditionnelle. Sa liberté individuelle dépend de la magistrate Naveena Parsuramen qui doit prendre une décision lourde de conséquences extrajudiciaires. Hier Navin Ramgoolam a promis qu’il ne fera rien pour pervertir le cours de la justice. Son avocat a, lui, rappelé qu’il y a déjà une «Objection to departure» contre sa personne et qu’il ne risque pas de fuir Maurice. Il aurait pu ajouter comme Nandanee Soornack et Dawood Rawat, mais l’avocat n’a, sans doute, pas trouvé judicieux de le faire.
Ce qui arrive à Navin Ramgoolam est salutaire sur le strict plan du principe d’égalité devant la loi. Qu’on soit ancien Premier ministre ou marchand de fines herbes, milliardaire arborant Rolex ou sur la paille comme Adeela Rawat, nous naissons et demeurons libres et égaux en droits. L’article premier de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen nous rappelle aussi que, indépendamment de notre lieu de résidence (c’est-à-dire que l’on habite Riverwalk ou Karo Kalyptis), et quels que soient notre sexe, couleur, religion, nous avons tous droit à une égale protection contre toute discrimination qui violerait la présente déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
C’est ce principe d’égalité qui fonde les vraies démocraties. C’est pour cela qu’il est important de s’appesantir sur les allégations de «vendetta politique» formulées par les politiciens du même bord que Ramgoolam et les accusations de «dérive totalitaire» de l’actuel gouvernement faites par l’ordre des avocats. Dans quelle mesure sont elles fondées ? Dans l’imaginaire du grand public, les frontières sont plus ou moins poreuses entre la justice et la politique. Ce n’est totalement faux. Car la politique tend à tout instrumentaliser à Maurice et à s’immiscer dans les institutions de l’État. Mais heureusement pour nous que le judiciaire demeure un rempart contre quelques hommes qui font et défont les lois et les institutions. Ramgoolam est d’ailleurs sous liberté conditionnelle, mais libre de ses mouvements dans le pays.
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Les charges contre Ramgoolam deviennent de plus en plus sérieuses sur papier. Et c’est dommage qu’au lieu de se défendre face à une police (qui semble décider seule ce qui constitue une arrestable offense), il a choisi de se murer dans le silence. Sa bataille, a-t-il choisi, sera davantage politique que juridique. Il a la chance d’avoir un parti, des suiveurs et des «tapeurs» et une femme qui lui pardonne (presque) tout.
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