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Un silence calculé

18 mai 2015, 07:49

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Deux conférences de presse en l’espace de six jours. Navin Ramgoolam serait-il soudain devenu bavard, lui qui évitait jusqu’à maintenant le contact avec la presse ? Mardi, il s’adresse aux journalistes après la réunion du comité exécutif du PTr. Dimanche, il reprend le micro face à la presse aussitôt après sa libération sous caution.

 

Non, il n’a pas retrouvé le goût de la prise de parole. Face aux enquêteurs des Casernes, il demeure plus silencieux que jamais. Lors de son interrogatoire sur l’affaire BAI/Bramer, vendredi, il a encore refusé de répondre aux questions de la police. Il avait eu le même comportement lors de ses précédentes rencontres avec les limiers du CCID.

 

Il n’a pas souhaité donner des éclaircissements sur les trois documents portant sa signature et que la police lui a présentés vendredi. Cela est confirmé par le policier qui a déposé devant la Bail and Remand Court : “… the applicant was confronted with three documents during his interrogation and he has exercised his right to silence ».

 

Navin Ramgoolam a le droit de rester muet face aux questions de la police. Il exerce ainsi son droit au silence, une prérogative que la loi accorde à tout suspect. Ce dernier a le droit de se taire pour éviter que ses réponses ne contribuent à sa propre incrimination.

 

Cette disposition légale oblige les enquêteurs à partir à une pénible chasse à la preuve matérielle et retarde l’inculpation du prévenu. Or, pour les délits financiers, généralement de nature très complexe, la traque des preuves dure une éternité. Le silence devient, en ces circonstances, une excellente stratégie de défense. Il est significatif que le leader du PTr ait choisi cette défense pour se protéger.

 

Lors de ses conférences de presse, il ne se prononce pas, non plus, sur les documents le mettant en cause. Il a plutôt recours à des slogans. Ils sont accrocheurs mais n’expliquent pas son rôle dans l’édification de l’empire Rawat. Ramgoolam évoque le motif de la vengeance, ou encore les dérives vers la dictature, mais tout cela demeure de la rhétorique politique. Sa posture mobilise probablement ses partisans mais n’éclaire pas l’opinion publique.