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Une présidente nommée espoir

25 mai 2015, 08:08

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Une présidente  nommée espoir

On peut parfois désespérer de ce pays : vols, viols et violences se conjuguent allègrement au temps présent et nous font craindre pour notre futur. On y rajoute de grandes louches de vacheries politiques de toutes sortes, on assaisonne vigoureusement de crimes en col blanc, les uns plus spectaculaires que les autres (Whitedot, BAI, Vacoas Multipurpose Cooperative), on pimente volontiers d’arrestations diverses et variées, de la saisie des documents d’un avocat, de coffres-forts ruisselant de billets rutilants. L’on peut facilement arriver à la conclusion que le pays est «foutu» et que l’on ne remontera pas la pente. Quand l’alliance Lepep, élue avec l’engagement de mettre de l’ordre et de ne pas répéter les erreurs de ceux qu’elle remplace, fait aussi le compromis de nommer des fils, des chéries, des pères, des voisins, des agents politiques à des postes rémunérés des deniers publics, on baisse les bras… Et puis, arrive une bouffée d’espoir !

 

 Celle-ci s’appelle Ameenah Gurib-Fakim. Elle est heureusement jeune par rapport à la plupart de ses prédécesseurs, elle est dynamique, elle veut s’investir, elle est cartésienne, elle a du charisme et elle ne doit rien aux tribus politiques. Ce n’est pas peu ! C’est même tranchant… On doit, sans doute, cette initiative revigorante à Ivan Collendavelloo, encore motivé qu’il est de faire de la politique autrement, sans avoir peur d’être optimiste, de casser le moule, d’être idéaliste, comme aux jours premiers des militants. Et de nous rappeler que la méritocratie ne passe pas par être bailleur de fonds, astrologue, propriétaire de quincaillerie ou détenteur de carte de membre de parti. 

 

Contrairement à ce que certains disent, Madame Gurib-Fakim n’est pas la représentante d’une religion ou d’une communauté. La preuve ? Je sens qu’elle me représente, alors que je ne suis prisonnier d’aucune tribu, que je suis citoyen du monde, affranchi de religion. Elle sera la présidente de notre nation et ses premières paroles sont prometteuses. Encourager la création de la richesse à travers la science et la technologie, il y a bien longtemps que l’on n’avait pas entendu cela ! Souligner que le «Mauricien lambda, et surtout les jeunes, se fiche royalement de distributions ethniques», (page 7, l’express du 30 mai 2015), c’est dire la vérité que les politiciens et leurs accointances socioculturelles veulent nous cacher depuis des lustres et qui, même si plus discrète que celle de ceux qui nous divisent, se touche du doigt dans le quotidien et se révèle dans les sondages et les votes. Le citoyen et l’électeur mauricien existent bel et bien majoritairement, même s’il faut reconnaître que les tribalistes subsistent aussi et peuvent, à la marge, parfois faire une différence…

 

 Il n’y a pas lieu de souiller cette nomination empreinte de fraîcheur par la coïncidence électorale. Je ne crois pas que cette nomination révèle combien SAJ est un fin stratège. Comment pouvait-il d’ailleurs savoir, en janvier, c’est-à-dire bien avant la crise Bramer, qu’il aurait eu besoin de cette nomination pour raffermir le vote de ceux qui communalisent, aujourd’hui, la débâcle financière de la BAI ? Sauf si on lui fait aussi le procès d’avoir comploté la conclusion du rapport de la Banque centrale qui a mené au retrait de la licence de la Bramer Bank ? 

 

Je suis de ceux qui pensent d’ailleurs que la nouvelle présidente ne changera pas un seul vote aux municipales. Réfléchissons ! Lepep s’est déjà engagé pour Madame Gurib-Fakim pour les dernières élections et sa nomination, en décembre dernier, maintenant ou plus tard, ne changera rien au fondamental. L’élégance de Me Shakeel Mohamed à reconnaître la valeur intrinsèque de notre nouvelle présidente est bienvenue. Son invitation à ce qu’elle se fasse nommer après le 15 juin apparaît cependant bien superflue.

 

 Qui donc a besoin de savoir que Madame Gurib-Fakim est effectivement nommée et en poste avant de voter pour Lepep ? Croire qu’attendre au-delà du 15 juin pour concrétiser ce qui l’est déjà puisse, en tout état de cause, changer la donne aux municipales, ne serait-ce pas, en l’occurrence, traiter l’électeur de con parfait ?