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Bouleversant

15 juillet 2015, 06:39

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C’est une proposition indécente. Le DPP s’est vu offrir le privilège d’être mis hors de cause dans l’affaire Sun Tan à condition qu’il démissionne de son poste. Ce chantage est scandaleux. Si le récit qu’en fait Satyajit Boolell dans un affidavit signé hier est exact, nous ne pouvons que conclure que le pays se trouve en pleine crise institutionnelle.

 

Un juge à la retraite, récemment nommé à un poste de responsabilité dans un organisme parapublic, appelle le DPP le jeudi 9 juillet. L’ex-juge l’informe qu’il s’est vu confier une «mission délicate» et souhaite le rencontrer à cet effet. Le DPP ne va pas au rendez-vous parce qu’il apprend, entre-temps, que l’intermédiaire cherchera à le convaincre d’abandonner son poste.

 

En échange de cette démission, l’ICAC aurait stoppé l’enquête sur le DPP, une investigation qu’elle a démarrée après une communication du ministère des Terres faisant état d’un conflit d’intérêts allégué.

 

C’est le point zéro de la gouvernance publique. On ne saurait imaginer une faute morale plus grave de nos élites que de négocier le départ du détenteur d’un poste constitutionnel contre une promesse de balayer sous le tapis un dossier prétendument chaud.

 

L’histoire est complexe cependant. Il n’est pas facile d’identifier les forces qui sont à l’oeuvre. Il semble que même le directeur général de l’ICAC est en train de lutter contre des forces occultes pour faire son travail dans les règles. Ripostant au mouvement d’humeur de Shakilla Jhungeer, qui a démissionné du board de la commission, l’ICAC réaffirme hier son désir de respecter le principe de l’État de droit et réitère son souhait de mener une enquête «juste et impartiale». La démissionnaire penchait pour des décisions plus rapides dans l’affaire Sun Tan tandis que le directeur général laissait comprendre qu’il n’y a pas, à ce stade, de soupçon de délit justifiant une arrestation.

 

Dans ces circonstances, avec des forces aux contours et aux motifs mal définis à l’oeuvre, le rôle du judiciaire devient primordial. Il est le dernier recours quand les fondements de la morale publique sont ébranlés.