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Cette route vers le 2e miracle

11 août 2015, 07:45

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Maurice, nous promet-on, connaîtra un «2e miracle économique». Avec le retour d’un sir Anerood revigoré,qui fera bientôt une Economic Mission Statement, les bases seront, apparemment, jetées pour que notre économie fasse un saut. D’un pays à revenus moyens élevés,on passera au statut de pays à hauts revenus.

 

Si en termes strictement quantitatifs, on peut mesurer l’objectif (de $ 9 300 USD par tête d’habitant à $ 12 736), en termes qualitatifs, la route à emprunter paraît moins nette et surtout sinueuse. C’est clair qu’il ne suffira pas de quelques réunions entre le gratin du gouvernement et quelques capitaines du secteur privé pour que le miracle passe du slogan à la réalité.

 

Les cinq caractéristiques d’un pays à hauts revenus citées dans le Mauritius Systematic Country Diagnostic- June 2015 de la Banque mondiale sont : un capital humain formé aux nouvelles technologies et motivé, une infrastructure performante et innovante, une gouvernance efficace et transparente, des finances saines et sous contrôle, et une gestion intelligente des risques naturels. Des cinq, c’est bel et bien celle touchant à la gouvernance du pays qui nous interpelle – depuis plusieurs mois déjà.

 

Notre principal problème de gouvernance, c’est que trop souvent la vision de nos politiciens va jusqu’à cinq ans au maximum. Elle s’arrête au renouvellement ou pas de leur mandat. Leur raisonnement est simple : il faut être au pouvoir pour initier des réformes. Et pour être au pouvoir, il faut être populaire. Pareille survie politicienne n’est pas compatible avec le présent contexte économique ou une «Vision 2030 Blueprint pour Maurice».

 

Dans la sphère économique, un acte politique, comme la réforme électorale ou la loi sur le financement des partis politiques, n’engendre pas seulement un effet, mais une série d’effets économiques, qu’on voit progressivement, dans le temps. Sir Anerood Jugnauth devrait savoir que sans une loi garantissant la transparence autour du financement des partis politiques, la corruption et le trafic d’influence, qui font fuir les investisseurs, vont continuer à plomber les ailes de notre économie.

 

Le petit jeu politique mauricien est dépassé. Il faut voir plus grand, plus loin. Moins étriqué ! Il faut voir ce qu’on ne voit pas encore. Si le premier boom (terme que nous préférons au fameux «miracle») économique mauricien a été rendu possible dans les années 80, c’est que le contexte nous était favorable. C’est un classique : «Poor countries tend to grow faster than rich ones, largely because imitation is easier than invention.» Mais échapper au «middle-income trap» est une autre paire de manches, surtout dans ce monde mondialisé.

 

La plupart des pays à revenus moyens le sont restés à la fin des années 2000. Seule une quinzaine de pays ont pu échapper au piège des revenus moyens – l’un d’eux est la Grèce !