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Recentrage bienvenu

13 août 2015, 12:50

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Recentrage bienvenu

Le Premier ministre a réussi hier son grand oral. Après huit mois de nettoyage intensif et sélectif (que j’ai souvent dénoncé ici même), sir Anerood a su recentrer l’action de son gouvernement sur l’économie. Il a décliné avec conviction la nouvelle architecture économique du pays qui reposera sur onze piliers économiques. Même s’il n’y a rien au fond de vraiment nouveau en termes d’idées (par rapport au Budget 2015-2016) et de réformes («policies»), il a su mettre de l’ordre dans le catalogue de mesures énoncées pêle-mêle par Vishnu Lutchmeenaraidoo il y a cinq mois en y ajoutant des objectifs chiffrés (surtout pour la création d’emplois) et un calendrier. 

 

Après la chute de l’empire BAI, avec des méthodes contestables et contestées, sir Anerood Jugnauth a tendu la main au secteur privé et a promis de veiller personnellement à l’avancement de ses projets. Il a été diplomatique mais ferme : les ministres devront mieux s’occuper de leurs dossiers et les fonctionnaires devront se muer en facilitateurs – bref, du Kafka à l’envers ! Le nouveau comité mixte secteur public-secteur privé, qui façonnera la vision 2030, vise justement à changer la culture du fonctionnaire afin de le rendre plus productif. Le Chief of Staff du PMO, le ministre de la Fonction publique, le gratin du privé et du service civil doivent desormais œuvrer ensemble pour mener à bon port les Rs 185 milliards d’investissement privé et les Rs 75 milliards de projets du secteur public. Et ce, afin de relancer la croissance, de créer des emplois et d’arriver à l’objectif de $ 25 384 par tête d’habitant en 2030. 

 

Jugnauth nous a resservi un plat composé de «smart cities», «technopôles», développement portuaire, relance des PME, économie bleue et stratégie africaine, mais c’était bien ficelé et le ton était sincère (surtout quand il a évoqué son «personal commitment» pour instaurer la discipline). Il a su détailler les «ends» et quelques «means» de la stratégie de Maurice. Reste à definir les «ways» pour atteindre cet autre palier de développement. Concrètement comment passe-t-on de 3,5 % de croissance à 5,5 % ? Comment arrive-t-on à 20 000 emplois alors que la tendance annuelle a été ces derniers temps de 6 500 ? 

 

Dès lors il s’agit de passer à l’action et d’obtenir des résultats, ce qui sera nettement moins simple. Quand on pense à l’inflation qui va arriver, aux grands travaux qui devront être cravachés, à l’élimination des gaspillages et du superflu, à la recherche d’une meilleure productivité, les chances que la cote de popularité de Lepep baisse sont à peu près certaines. Mais c’est justement ce qu’on attend de sir Anerood – quitter son rôle de politicien pour entrer dans celui du père du développement économique. 

 

Mam, après les beaux discours, il est temps de se mettre, enfin, au travail ! Le temps seul nous dira si on réussira ou pas…