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Transport «Smart» pour «Smart Cities» ?

24 août 2015, 09:00

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Transport «Smart» pour «Smart Cities» ?

Le problème de l’île en matière de transport est connu : le nombre de véhicules par kilomètre de route augmente parce que nous importons des véhicules plus rapidement que nous ne pouvons construire des routes. En conséquence, nous avons des embouteillages de plus en plus conséquents et un rapport de la RDA nous annonce même que, sans autres dépenses, le temps de voyage dans le corridor Port-Louis–Curepipe va doubler d’ici 2020…

 

Notre réaction a été d’envisager construire plus de routes et d’échangeurs sur les ronds-points, d’installer encore plus de «speed cameras» (qui coïncident rarement avec les lieux où surviennent les accidents d’ailleurs – voir l’express du 2 août 2015), d’envisager de nouvelles villes pour décentraliser, des «dream bridges» pour contourner, du transport public (métro léger ou tramway) pour rationaliser et de continuer à importer véhicules et produits pétroliers. Tout cela coûtant, bien sûr, des fortunes.

 

Et s’il suffisait de miser sur une technologie de pointe, qui roule déjà ses prototypes, qui révolutionnera notre approche sur les transports et qui nous dégagerait plus de temps libre, moins de dépenses nationales récurrentes et des gains de productivité vraiment sérieux ?

 

 

Il s’agit du «driverless». Google roule déjà sa flotte de prototypes sur les routes publiques de Californie, du Michigan et de Floride. Le gros avantage du véhicule «driverless» ? Il ne peut pas être distrait par une conversation téléphonique dans l’oreille ou une belle fille en minijupe sur le trottoir, ni dépasser les limites de vitesse, ni se garer en double file, ni boire de l’alcool ! En fait, une étude de la National Highway Traffic Administration confirme : 93 % des accidents sont dus à l’erreur humaine alimentée en cela soit par l’alcool, le manque de concentration ou l’excès de vitesse.

 

Dans un «driverless», par définition, c’en est fini de tout cela ! Vous avez besoin de vous déplacer ? Vous appelez le service «driverless» sur votre cellulaire, indiquez où vous souhaitez aller, réglez la course d’avance et attendez quelques minutes (il n’y a plus de bouchons !) et vous voilà parti… Pas besoin de faire le véhicule attendre à l’autre bout : un autre «driverless» sera là aussi rapidement si la densité de la flotte est bien calculée pour notre île et sa population. À noter : vous aurez fait l’économie d’acheter une voiture, de construire son garage, de la laver, de payer l’assurance (et de gérer celle-ci en cas d’accident !), du temps passé à la station essence, à la NTA ou à payer votre déclaration…

 

Comment cela marche ? Selon Wikipédia, une balise Velodyne montée sur le toit du véhicule, comportant 64 faisceaux de laser qui permettent de balayer l’environnement immédiat et de constituer une mappe en temps réel de tout ce qui concerne la conduite (obstacles, signalétique, véhicules, piétons, etc. …). Cette mappe auto-générée est alors combinée avec des mappes de haute résolution des systèmes routiers, ainsi qu’avec des informations d’autres véhicules, pour piloter la voiture sans chauffeur, au plus précis. Les équipements, à ce stade, coûtent environ 150 000 $, mais devraient coûter moins cher à l’avenir.

 

Deux options : un véhicule classique assisté par ordinateur qui permet le pilotage automatique quand requis et le style «pod» de Google qui n’a ni volant, ni pédales (voir photo). De plus, il faut noter que si la voiture actuelle est inutilisée en moyenne… 96 % du temps, la voiture «driverless» verra ce chiffre baisser à 25%, ce qui voudra dire moins de véhicules et donc du trafic plus fluide, sans construction de routes. Les voitures personnelles se verraient déplacées par des flottes de «driverless». L’université du Texas estime que 90% de «driverless» équivaut à doubler la capacité des routes et à réduire les délais sur les autoroutes par 60%.

 

Le «driverless» va révolutionner des industries entières et redéfinir la vie comme on la connaît. Google, Mercedes, VW, Tesla, Uber, Toyota et Apple, entre autres, ne sont pas activement engagés dans ces développements pour des prunes. Ils y croient. Ça arrive à grands pas. Google sera prête à commercialiser entre 2017 et 2020, selon un rapport de Bloomberg, qui confirme que ces véhicules reconnaissent déjà tous les signaux sur la route, y compris les feux et même le bras tendu d’un cycliste qui veut tourner. Après
300 000 milles sur les routes californiennes, la flotte Google n’avait connu aucun accident. The Economist, dans son 1er numéro d’août, note qu’après 2,9 kilomètres de routes en six ans, la même flotte avait enregistré 12 accidents mineurs, aucun d’entre eux ne causant de blessés et aucun d’entre eux n’étant la responsabilité du «driverless». En fait, dans huit cas, précise Wikipédia, le «driverless» se faisait emboutir à des feux rouges par le véhicule qui le suivait et qui ne freinait pas ! Ces voitures étant électriques représenteront aussi un avenir plus vert, une note pétrolière à la baisse, une occasion additionnelle pour l’énergie renouvelable décentralisée pour recharger les batteries. Et bien plus encore…

 

Il suffirait de pouvoir remettre en question le statu quo et les lobbies (pétroliers, taxis, certains importateurs) et de beaucoup de volonté. Une définition de la folie, c’est de continuer à faire les mêmes choses de la même manière et d’espérer, envers et contre tout, que le résultat sera différent ! On peut, alternativement, anticiper et provoquer un changement. Et si pour commencer on invitait Google à venir essayer son modèle chez nous, grandeur nature ? D’autant plus que ce serait une occasion en or de rationaliser la signalétique sur nos routes et nos routes elles-mêmes !