Publicité
Fed up
En réaction à cette torture psychologique, les investisseurs n’ont pas hésité à envoyer au tapis les indices des principales places financières, vendredi dernier. Le CAC 40, le FTSE, le Dax allemand et même les Bourses américaines ont ouvert en baisse.
Pour l’heure, aucun signe d’apaisement à l’horizon. Au contraire, c’est toujours l’incertitude sur le prochain move de la Fed. D’autant plus que la Banque centrale américaine explique dans un communiqué que sa décision a été motivée par les «récents développements économiques et financiers sur le plan mondial». Des développements qui risquent de provoquer une baisse de l’inflation.
La première économie mondiale dit également se soucier de ce qui se passe en Chine et ailleurs sur les marchés émergents. D’où sa posture prudente. Ce n’est pas pour autant qu’elle fera preuve de plus de transparence quant à ses réelles intentions d’augmenter les taux. Bien au contraire, elle continue de souffler le chaud et le froid.
D’abord, elle affiche un certain optimisme pour la croissance de l’économie américaine, qu’elle estime à 2,1 % cette année, mais elle revoit ses ambitions à la baisse pour l’année prochaine. Ses projections passent ainsi de 2,5 % à 2,3 % pour 2016. De quoi rendre perplexe !
Les tergiversations du Comité de politique monétaire de la Fed n’ont fait qu’alimenter davantage les spéculations. À tel point que même la présidente, Janet Yellen, a concédé qu’elles peuvent donner lieu à des turbulences. En dépit de la situation, les autorités monétaires n’ont pas jugé utile de donner un forward gui-dance au marché.
Qu’à cela ne tienne, les analystes n’en démordent pas. Ils se sont mis de nouveau devant leur boule de cristal. Désormais, les plus téméraires prévoient une hausse du loyer de l’argent aux États-Unis à la réunion d’octobre. D’autres, plus prudents, en revanche, tablent sur un tour de vis en décembre, voire au début de 2016. Car il est estimé que l’environnement global marqué par un ralentissement de la croissance, un billet vert se renforçant de même qu’une série de facteurs ont entamé la confiance de la Fed. Il sera donc difficile de trouver rapidement un consensus autour d’un changement de cap monétaire. Du moins, ce ne sera pas pour le mois prochain.
Entre-temps, les investisseurs continuent de se désengager des marchés émergents et frontières. Grandes bénéficiaires de l’assouplissement monétaire américain, ces places financières souffrent aujourd’hui d’une volatilité extrême. Il n’y a qu’à voir les taux de change. Dans certains cas, les cabinets spécialisés parlent d’exode de capitaux.
Nous ne pouvons en dire autant de Maurice pour le moment. Cela, même s’il y a eu ces derniers temps des désinvestissements de la part des étrangers à la Bourse, comme ce fut le cas vendredi dernier, au lendemain de la réunion de la Fed.
Toutefois, si une telle tendance devait se préciser, le pays risque d’en payer un lourd tribut compte tenu du déficit structurel chronique de son compte courant. D’ailleurs, les derniers chiffres publiés par la Banque de Maurice ne sont guère rassurants. Ils indiquent un élargissement du déficit au deuxième trimestre. Une situation à laquelle la baisse des recettes touristiques n’est pas étrangère. Le flux d’investissements directs étrangers, qui a tourné autour de Rs 4 milliards au premier semestre, ne donne pas lieu à pavoiser, non plus.
De par la structure de sa balance des paiements, Maurice risque donc de se retrouver au beau milieu d’un tourbillon, une fois le processus de normalisation enclenché par la Fed.
Publicité
Les plus récents