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SAJ sur la longue route de l’autonomie

10 octobre 2015, 06:45

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SAJ sur la longue route de l’autonomie

Sir Anerood Jugnauth (SAJ) ne ressent sans doute pas le besoin de réaffirmer son leadership et de secouer son équipe. Sinon, à son retour de New York, il aurait pu, (il aurait dû, selon nous), rappeler à l’ordre Anil Gayan et Roshi Bhadain – deux ministres qui sont en train de déraper. Mais le Premier ministre a choisi de reprendre l’avion pour Rodrigues sans en faire grand cas. Il a sans doute ses raisons, mais il devient de plus en plus évident qu’il n’est plus l’homme des années 80, celui qui tranchait dans le vif, qui coupait les têtes et les doigts, qui ne tolérait pas les gayaneries et les bhadaineries actuelles.

 

Dans le cas de Gayan, son leader, en l’occurrence Ivan Collendavelloo, aurait pu intervenir durant l’absence de SAJ. Mais il a choisi d’être et de rester l’avocat du diable, en justifiant les faux pas en continu du ministre de la Santé, comme s’il était son client. En fait l’avocat est coincé. Après avoir perdu Sheila Bunwaree avant même le scrutin de décembre 2014, le leader du Muvman Liberater, qui aspire à faire de son parti l’un des plus influents du pays, ne peut se permettre de se débarrasser du gênant tandem Gayan-Samputh – qui bafoue les règles de l’égalité des chances avec une incroyable arrogance.

 

Par rapport aux gesticulations de celui qui a remplacé Pravind Jugnauth à la tête du ministère de la Technologie, de la communication et de l’innovation, et à la MBC, cellesci ont confirmé que des clans se dessinent au sein du MSM. Surtout en l’absence de SAJ (quand il est en voyage) et de Pravind Jugnauth (dont la priorité demeure sa bataille juridique qui déterminera la suite de sa carrière). Dans son élan premier ministériel, Soodhun l’a d’ailleurs dit : «Tia bon SAJ na pa rétourné !» Mais c’était une blague, un peu moins grave et moins cruelle que celle de Gayan sur la méthadone... C’est précisément le mal qui guette cette alliance Lepep. On ne sait plus quand ils sont sérieux ou quand ils plaisantent, quand ils sont sincères ou pas, surtout tous ces avocats qui en font partie. 

 

* * *

 

Alors que nous célébrons les 13 ans de l’autonomie de Rodrigues, il serait bon de commencer par stopper l’exode des cerveaux qui freine le développement de notre dixième district. Ce serait le premier pas sur la longue route de l’autonomie.

 

Discutez avec nos frères et sœurs rodriguais et vous constaterez qu’ils ont surtout cette amère impression d’avoir été floués par Port-Louis où tout est décidé (malgré la promesse de l’autonomie), notamment le budget et les politiques. Comme auparavant.

 

Quelque temps après son retour au pouvoir, Serge Clair nous livrait ses réflexions sur Rodrigues et les challenges de l’Assemblée régionale. Se présentant comme «un pro-Rodriguais et non pas un anti-Mauricien», il nous confiait qu’il souhaite voir émerger un système politique à Rodrigues où seule la méritocratie primerait.

 

Déjà dans les propos de Serge Clair, il y a des blessures du passé qui semblent ne pas s’être cicatrisées avec le temps : «Force est de constater que certains ont réussi à faire croire à nombre de Rodriguais que la pioche est le crayon du diable. Or, l’agriculture est la planche de salut de notre peuple. Nous devons assurer la sécurité alimentaire du pays et nous devons éviter de tout importer, comme c’est le cas actuellement.» Dans tous ses discours, Serge Clair, avec son ton paternel, essaie de (ré) inculquer aux enfants l’amour de la terre nourricière, en relançant par exemple des jardins scolaires. C’est bien, mais ce n’est pas assez dans le monde actuel.

 

En 2015, le discours du chef commissaire n’attire plus les jeunes qui veulent fuir leur joli pays, faute de débouchés, outre ceux liés à la pêche et à l’agriculture traditionnelles. Beaucoup de jeunes rodriguais ont choisi des métiers liés aux nouvelles technologies, mais le câble optique, tant espéré, se fait toujours attendre et, entretemps, Rodrigues se dépeuple de ses enfants.

 

La route de l’autonomie a bien commencé sur papier, mais sur le terrain, le constat est triste.