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Fautes politiques

9 novembre 2015, 06:30

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Si le gouvernement rate son combat contre les richesses illicites, il n’aura qu’à s’en prendre à sa propre maladresse politique. Par inexpérience ou empressement, le coup a été mal joué. Le Good Governance and Integrity Bill, dans sa forme actuelle est mathématiquement compromis, sinon condamné.

 

Pour avancer, il ne reste qu’une option au pouvoir. Il doit réajuster le tir et proposer une version amendée de la loi. Il peut ainsi espérer rallier les bonnes volontés.

 

Rien ne s’est passé comme le gouvernement l’avait prévu. L’événement le plus inattendu est celui causé par cette petite poignée de dissidents de l’Alliance au pouvoir. Quatre élus de la majorité ont exprimé des positions qui s’écartent de la ligne officielle. Leurs motivations auront beau être vagues et floues, mais leurs voix pèseront lourd dans le décompte final. Les ignorer porte à conséquence.

 

Le gouvernement n’a pas anticipé non plus la réaction des citoyens avisés qui sont en profond désaccord avec le principe de sacrifier des droits fondamentaux pour le bien d’une loi qui traque les biens mal acquis. Leurs craintes sont fondées sur les pratiques historiques d’une classe politique revancharde et abusive. Seuls des garde-fous adéquats peuvent rassurer ces citoyens.

 

En fait, la démarche du gouvernement a ressemblé à une partie de poker qui a mal tourné. Estimant la majorité des trois quarts acquise, les dirigeants du pays n’ont fait aucun effort pour arriver à un consensus avec l’opposition. S’il était compliqué de demander au parti de Navin Ramgoolam ou à celui d’Alan Ganoo de se montrer solidaire, en revanche un tête-à-tête Jugnauth-Bérenger sur ce dossier aurait garanti une suite favorable. Car, l’objectif est noble.

 

Paul Bérenger se braque, par opportunisme politique, pas par principe, contre la loi sur les richesses inexpliquées. Il est en train de surfer sur la peur généralisée suscitée par cette loi et tente de créer une brèche dans les rangs de la majorité. Or, par le biais d’une concertation préalable, il était possible d’obtenir le soutien du leader du MMM à cette cause qu’il a lui-même défendue ardemment dans le passé.

 

Paul Bérenger reste l’un des rares politiciens de haut niveau à n’avoir rien à se reprocher. Son intégrité n’a jamais été mise en cause durant sa longue carrière politique. Si le gouvernement avait sollicité sa contribution, il aurait sans doute réagi positivement comme il l’a fait pour Chagos. Ou comme il souhaite le faire pour la réforme électorale. À ce stade, pour sauver la loi, il faut absolument revoir deux de ses failles les plus critiquées. D’une part, il faut réexaminer l’inscription prise sur les biens d’un suspect en attendant la fin de la procédure judiciaire. De l’autre, il faut définir un seuil pour les richesses ciblées.

 

Même si la sagesse politique commande finalement une révision du projet de loi qui tienne compte des raisons honorables qui ont été avancées pour critiquer le projet, il restera toujours un certain nombre d’opposants féroces à la loi. Ceux-là ont des raisons inavouables, eux.