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Les triangulaires possibles

10 novembre 2015, 07:46

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En raison du bruit généré par la controverse autour de la loi sur les richesses illicites, on n’a pas prêté attention à une passe d’armes qui est pourtant lourde de conséquences. Elle a opposé les leaders des deux partis d’opposition entre eux.

 

C’est Navin Ramgoolam qui a tiré la première salve. Lors d’une réunion nocturne de son parti à Bois-Chéri vendredi dernier, il a comparé ses talents d’opposant à ceux de Paul Bérenger. «Si mo ti dans Parlement mo ti pou demonte zot ene par ene par banne PNQ, pas couma pé faire astère la.» La riposte n’a pas tardé. Le leader du MMM a réagi de manière très vive. Samedi, à sa conférence de presse, il a fustigé Ramgoolam, l’accusant d’avoir été un piètre leader de l’opposition. «Plutôt que de se taire et de ne s’inquiéter que pour son coffre-fort, il a choisi de se rendre ridicule», lança-t-il sur un ton lapidaire.

 

Il est difficile de dire jusqu’où peut mener cette escalade mais, déjà, le fossé qui les sépare est profond. Sur la base de ces propos hargneux échangés, on peut exclure, à ce stade, toute intention, de part et d’autre, de rechercher un nouvel arrangement électoral.

 

Sur le plan de la démocratie, cette ligne de fracture qui se dessine entre les deux formations peut être considérée comme un élément positif. Plus il y a des courants d’idées et des opinions qui s’opposent, mieux c’est. Le pluralisme politique est d’ailleurs un des fondements de la démocratie.

 

Il n’en reste pas moins qu’avec ces nouveaux positionnements, la mise en oeuvre d’un nouveau système électoral est rendue plus que jamais nécessaire. Certes, beaucoup d’eau coulera sous les ponts d’ici là, mais il semble que l’on se rapproche de l’éventualité d’une lutte triangulaire en 2019.

 

Les élections de 1976 constituent la seule occasion où un scrutin législatif s’est déroulé sur le mode triangulaire. Le verdict des urnes aurait pu alors provoquer une crise politique. Sans une alliance post-électorale, le pays aurait été ingouvernable. Avec 34 sièges, le MMM obtenait une majorité relative. Le PTr et le PMSD avec 28 et 8 députés respectivement finirent par former le gouvernement.

 

Le problème se posera autrement si trois formations de force plus ou moins égale contestent les élections. Dans ce cas de figure, avec 30 % des voix, un parti peut théoriquement décrocher une grosse majorité de sièges alloués au scrutin dit first-past-the-post.

 

Pour éviter cette anomalie, et d’autres failles connues du système actuel, la réforme électorale doit, plus que jamais, être à l’agenda du gouvernement.