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Restons une démocratie apaisée

16 novembre 2015, 08:58

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Le syndrome Valayden est contagieux. Des dirigeants du PTr semblent aujourd’hui prêts à suivre le néo-travailliste et adopter son activisme troublant ainsi que ses méthodes d’opposition reconnues comme peu orthodoxes dans une démocratie.

 

Vendredi dernier, ce fut au tour d’Arvin Boolell, qui d’ordinaire agit avec mesure et calme, de se laisser gagner par la fièvre. Il s’est mis à encourager l’agitation de rue comme mode d’action politique. S’adressant à une foule de partisans réunis à l’occasion d’un meeting nocturne, le dirigeant travailliste a parlé de «révolution de l’été en marche».

 

Dans les pays vivant sous une dictature, l’opposition n’a pas beaucoup d’alternatives, il est vrai. Elle verse dans l’incitation au désordre public. En revanche, dans une démocratie mature, la contestation d’une majorité légitime passe par le respect des institutions et  par le débat public. Il revient à l’opposition certes de dénoncer les abus et les dérives du pouvoir mais elle doit se plier aux règles de la démocratie.

 

Le PTr peut d’autant mieux rester dans le cadre du jeu démocratique que ses caisses semblent bien remplies. Il a les moyens de combattre à l’intérieur de ce cadre. On l’a vu, il dispose des fonds requis pour mobiliser ses partisans à chacune de ses réunions politiques et, en outre, s’apprête à faire revivre son organe de presse. C’est en éclairant l’opinion et en suscitant le débat qu’un parti d’opposition peut renforcer la démocratie.

 

Rama Valayden est adepte de méthodes, disons, plus bruyantes pour exercer la pression sur le gouvernement. À tel point que le Premier ministre lui a lancé un sévère avertissement en septembre dernier: «Be careful. That guy, I warn him.» Valayden avait demandé à la population de descendre dans la rue et de maintenir la pression jusqu’à ce que le gouvernement démissionne.

 

Quand Arvin Boolell plaide pour l’embrasement social, il s’écarte de sa ligne de conduite à lui. Interrogé par l’hebdomadaire Week-end sur ce qu’il comprend par «révolution», le dirigeant rouge précise  qu’il «parle plutôt d’une révolution pacifique du peuple dans la rue comme il y en a eu en Tunisie…»

 

Là, il exagère, lui qui se proclame homme politique «modéré» sur son profil Facebook. Il n’y a aucune commune mesure entre Maurice et la Tunisie.

 

Le printemps arabe avait pour but de déboulonner des pouvoirs autoritaires installés pendant des dizaines d’années. Ils avaient accaparé toutes les institutions et réprimaient durement les partis d’opposition, les syndicats et les ONG.

 

Quant à l’ancien président tunisien, Zine Ben Ali, son immense fortune est évaluée entre 5 et 10 milliards de dollars. Son peuple a eu l’occasion d’en voir une infime partie quand ses grands coffres-forts ont été ouverts devant les caméras de télévision au lendemain de sa chute. Boolell a tort de faire le lien avec Maurice.