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Le progrès, c’est l’équilibre

18 novembre 2015, 09:49

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Renvoyons dos à dos les intégristes de l’écologie et ceux de la croissance. Ni les premiers ni les seconds ne peuvent saisir dans leur globalité les enjeux du futur. Pour avancer, il faut concilier développement économique et préservation de l’environnement. Il suffit de chercher le point d’équilibre entre ces deux notions pas forcément incompatibles.

Dans le débat actuel sur la limitation de la population des chauves-souris, les passions sont vives et les réactions peu équilibrées. Il est nécessaire, ici comme ailleurs, d’aborder la question avec un esprit ouvert et pas dogmatique. Cela permettra d’adopter une position fondée sur la raison et non sur une idéologie quelconque.

Il est établi aujourd’hui que ces mammifères prolifèrent à un taux qui n’est pas soutenable. Dans son «position statement » publié le mois dernier, l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) concède que le seuil maximal a été atteint : «Surveys by the Mauritian Wildlife Foundation suggest a population closer to 50,000 that might now be at the maximum level that the current habitat can support.»

La communauté des agriculteurs estime que le chiffre tourne plutôt autour d’une centaine de milliers. Les conséquences de cette surpopulation sont catastrophiques pour la récolte des fruits. À l’origine du problème, la réduction  de l’étendue des terres boisées. Avec la  déforestation, l’accès aux ressources en nourriture est devenu difficile aux chauves-souris. Elles se rapprochent donc des vergers et des zones habitées pour se nourrir.

Les témoignages des planteurs sont poignants. L’un d’eux, Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association, raconte qu’il a vu une colonie de chauves-souris dévastant en une seule nuit un arbre portant 5 000 letchis. Il estime que la récolte de cette année atteindra à peine 500 tonnes contre 1 500 tonnes pour une année moyenne.

Des planteurs sont ruinés, un secteur d’exportation va souffrir d’un manque à gagner considérable. De nombreux retraités ne peuvent compter, cette année, sur les revenus que génère d’habitude l’arbre fruitier situé dans leur arrière-cour. Pire, le coût excessif des fruits sur le marché va arracher quelques larmes à bien des enfants mauriciens en cette fin d’année.

Pendant ce temps, l’ambassadrice des États-Unis à Maurice, Shari Villarosa, pose dans son jardin et lance sur un ton persifleur : «Les chauves-souris sont les bienvenues chez moi». Qu’elle soit sensible à la préservation de l’espèce Pteropus niger n’a rien d’exceptionnel.

Nous le sommes tous. Ce qui surprend, c’est qu’elle n’a aucune compassion pour ces agriculteurs, ni même pour ces enfants privés de letchis, longanes et mangues.

L’essentiel, c’est d’être équilibré et ne pas se focaliser sur un aspect du problème. Il faut se battre pour que la chauve-souris survive mais aussi pour que des familles continuent à vivre de la production de fruits.