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PORLWI BY LIGHT : Port-Louis ressuscite !
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PORLWI BY LIGHT : Port-Louis ressuscite !
Nous y étions depuis tôt, histoire de voir l’envers du décor, les préparatifs, la cuisine, quoi ! Et on pouvait avoir un peu peur pour les organisateurs tant la ville était vide, tellement vite se fermaient les magasins, si tranquilles étaient les principales artères de la capitale. Nous étions à trois quarts d’heure du moment où PORLWI devait s’illuminer et, PortLouis ressemblait au… Port-Louis que l’on connaît : austère, vide de vie, barricadé derrière des roller-shutters , volets baissés et, depuis peu, avec les rondeurs de gardes de sécurité bien en vue.
Et puis, la nuit est tombée et, dans le clair-obscur, des amis se retrouvaient, on côtoyait des étrangers, on embrassait des dames, on partageait des nouvelles au fur et à mesure qu’une grande foule, une très grande foule, sans doute chatouillée par la promesse d’un Port-Louis ressuscité, ne déferle dans les rues de la capitale, lui transférant le sérum dont il avait tant rêvé et dont il avait grand besoin.
Le ministre Xavier-Luc Duval s’est sans doute fait un peu désirer (il avait du retard !) mais il a l’indicible mérite d’avoir, il y a des mois de cela, «senti» ce que ce projet mirifique pouvait apporter aux Mauriciens. Il n’était, fort heureusement, pas le seul à réagir alors pour permettre à cette fulgurance de l’imagination de prendre corps. Le privé, qui ne s’était sans doute pas investi autant ensemble, depuis la nuit du Sega ou la grande fête de l’agriculture aux jardins des Pamplemousses, y a ajouté sa conviction et ses moyens et c’est ainsi que le «pitch» de la faussement frêle Astrid Dalais passe la rampe et accroche. Le pari paraît fou au départ, mais on a brassé délibérément large et on a mobilisé une multitude de ressources et de bonnes volontés dans les milieux les plus divers, et cela a eu le mérite de fédérer nationalement, alors que tant d’efforts apparemment collectifs s’effritent et se lézardent contre des murs séparatistes ou tout bêtement égoïstes.
Hier soir, donc, la Place d’Armes était déjà pleine à craquer au moment du lancement officiel, même si on cherchait encore la MBC et Mme Cheong à cette heure. Mais c’est la composition de cette foule qui fut une agréable surprise : bigarrée à souhait, du PDG d’ENL au laveur de voitures, en passant par la touriste réunionnaise qui attendait patiemment son kebab en s’extasiant devant la qualité de la photographie projetée vers le ciel ou les gosses se bouchant les yeux quand le dragon entrait et sortait des fenêtres du théâtre, le cœur était à la fête, au partage, au plaisir de la découverte, à la convivialité, sans barrière, sans retenue. Peut-être manquait-il un petit air de ce que la samba apporte au carnaval de Rio? Rien de tel que quelques pas de danse pour dérider, pour libérer !
On a rencontré un insatisfait : un marchand de rue, pourtant adossé à la féerie poétique du jardin de la Compagnie, recomposé. On l’interroge sur son avis, il grogne : «Sa ki apel 24/7 sa ? Mo pé fermé mwa, péna la vant !» Ce n’était pas surprenant ! Dans la magie de PORLWI ce vendredi, des t-shirts insipides et des sacs à main en plastique de Port-Louis, ce n’était pas la marchandise de circonstance. C’est officiel : Mammon n’est pas mort, mais il doit devenir plus «smart» ! Finalement, une critique : il manquait des poubelles et un coup de chapeau à la municipalité de Port-Louis dont les équipes avaient déjà remis Port-Louis en état avant l’aube !
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ÊTRE MAURICIEN C’EST ÊTRE PORTLOUISIEN
Maurice s’est-elle donné rendez-vous comme un seul peuple à Port-Louis ? On aurait tendance à le penser en voyant cet arc-en-ciel humain qui sillonne notre capitale depuis vendredi pour la redécouvrir sous un autre jour, sous une autre lumière.
Daniel Mermet nous a écrit ces mots : «Que le regard est plus important que la chose regardée, l’écoute plus importante que la chose écoutée, la lecture plus importante que le livre, le souffle plus important que le poumon…» Moi qui suis né et ai grandi à Port-Louis, j’ai rarement vu un tel public venir soigner son regard, l’affiner, le laisser danser au gré des sons et des lumières. Port-Louis est un véritable creuset de notre histoire commune – de Mahé de La Bourdonnais à sir Seewoosagur Ramgoolam.
Je connais un seul ami qui par principe – mais il a toujours été à contre-courant (en plus c’est le cas de dire) – a boycotté Port-Louis by light. «En plein COP 21, on s’adonne à une telle surconsommation d’électricité. Pas cohérent tout ça.» Les insatisfaits, les marginaux, il y en aura toujours. Et ces voix-là ne devront pas éteindre les étoiles dans les yeux de tous ces enfants face aux voiles multicolores flottant sur la mer du Caudan ou face au théâtre de Port-Louis, devant le musée qui a repris vie, sous les pirogues suspendues à la rue sir William Newton.
Et l’aspect sécuritaire qui fait fermer les commerces et disparaître les piétons. Rappelons-nous que ce sont les étrangers et les Français qui étaient de passage dans Paris qui, émerveillés par la vision des tout premiers éclairages publics au monde, ont propagé l’idée d’une ville toujours éclairée. Le choix de ces lumières ne répondait pas à un choix esthétique.
«À cette époque, Gilbert Nicolas de la Reynie (1625-1709) avait été nommé par Colbert et Louis XIV, tout premier lieutenant général de police de Paris, en mars 1667.» Pour enrayer l’explosion de la criminalité dans les rues, il avait ordonné de mettre en place un éclairage public, en plaçant des lanternes et des flambeaux dans les rues, et même dans les ruelles les plus sombres pour dissuader les rôdeurs et les criminels.
Dans ce même ordre d’idées, pourquoi alors, face à l’engouement suscité et le succès populaire, ne pérenniserait-on pas Porlwi by light ? On pourrait réduire la superficie et se concentrer sur la rue La Poudrière et le jardin de la Compagnie, où les lumières descendant le long des lianes des multipliants ont chassé les activités louches qui normalement s’y déroulent. On rendrait à, au moins, une partie négligée et spoliée de la capitale un peu de lumière, chaleur, convivialité, joie de vivre, pour venir écouter de la musique, pour rencontrer les artistes – ils sont nombreux et talentueux, bien plus nombreux et talentueux qu’on ne l’imagine – pour discuter avec les touristes qui n’en revenaient pas de voir Mahé de La Bourdonnais sous les spots des drones, pour déguster de bons petits plats, pour boire un coup, et se sentir Mauricien. C’est-à-dire Portlouisien.
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