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Retour à l'ordre
Le cycle est rompu. Pendant une décennie au moins, la séquence était immuable : évacuation des marchands ambulants, explosion de colère et finalement retour à la case départ. Cette année, les autorités ont tenu bon. Les colporteurs ont été contraints de respecter les règlements. C’est le plus beau cadeau que les dirigeants du pays puissent offrir aux habitants des villes à l’approche des fêtes.
Ces marchands qui avaient pris l’habitude de tenir échoppe sur les trottoirs ou la chaussée, asphyxiant les principales artères des villes durant le mois de décembre, ont été relogés ailleurs. Ils pourront continuer à exercer leurs activités sauf que, désormais, ils ne gêneront plus le trafic, dense en cette période. Il reste quelques poches de mécontentement localisées, notamment à Rose-Hill et à Quatre-Bornes, mais dans l’ensemble, les villes respirent.
Il fallait du courage politique et de la fermeté pour mettre fin au chaos qui régnait dans les villes à chaque fin d’année. Or, pendant longtemps, le clientélisme politique incitait les dirigeants du pays à se montrer souples et tolérants. Les marchands saisonniers, parmi lesquels se trouvent de nombreux fonctionnaires en congé, en ont profité pour multiplier les actes de défiance envers les pouvoirs.
Le manquement le plus grave que l’on a eu à déplorer ces dernières années concerne l’incapacité des autorités à faire respecter des décisions de justice. Dans quelques villes, la Cour a été appelée à trancher le litige entre les commerces légitimes et les commerces illicites. Des jugements ont été rendus pour enjoindre les commerces opérant sans permis de libérer les espaces publics. Ils n’ont pas été respectés. De ce fait, l’anarchie et l’insécurité ont perduré.
Ce qui est encore plus dommage, c’est que la bêtise politique a fait avorter un beau projet conçu en 2002. On était alors à deux doigts d’une solution permanente dans la capitale. Un bâtiment dédié connu comme le Hawker’s Palace et devant accueillir 1 500 marchands ambulants devait être construit au coeur même de Port-Louis. Le changement de gouvernement intervenu trois ans plus tard a fait dérailler le projet. Nul autre que l’ancien directeur de communication du PTr, Abdullah Hossen, le concède dans une interview accordée à «l’express» le 15 décembre dernier : «Si on avait investi depuis 2002, on aurait pu avoir réglé ce problème.»
Tandis que l’ordre revient peu à peu dans ce secteur d’activités qui échappait jusqu’ici au contrôle de l’État, le pays ne peut que souhaiter que les effets de cette autre «opération de nettoyage» soient durables.
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