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Fièvre nationaliste
Ouvrir les frontières aux investisseurs mais repousser le savoir-faire étranger. C’est la nouvelle politique que compte adopter le gouvernement, semble-t-il. Hier, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a laissé entendre que la situation évolue en ce sens : «D’ici cinq ans, il n’y aura pas d’étrangers dans le secteur ICT/BPO. Que des Mauriciens !» s’est-il exclamé lors d’un événement officiel.
Cette posture annonce le retour de la petitesse et du nombrilisme dans les hautes sphères du pouvoir. À un moment où les pays émergents se battent pour attirer les meilleurs talents étrangers dans des secteurs pointus, Maurice, elle, prône la fermeture des frontières. Nous allons à contre-courant des tendances.
Le pays a besoin de personnels qualifiés dans plusieurs domaines pour effectuer le bond qualitatif auquel il rêve. Avec cet objectif en vue, seules les compétences devraient compter. La nationalité ne saurait être un critère de recrutement des professionnels dans un pays moderne.
C’est la raison pour laquelle il faut déplorer les propos de l’ex-commissaire des prisons, Jean Bruneau, qui a souhaité que son remplaçant soit un Mauricien. Ce n’est pas en ces termes que la question de sa succession devra être posée. Débarrassons-nous de nos préjugés et de nos sentiments nationalistes pour formuler le voeu que le prochain chef des prisons soit un gestionnaire expérimenté rompu aux pratiques modernes et efficaces des systèmes pénitentiaires. Peu importe le pays dont il est originaire.
Dans certains domaines, le recours aux étrangers est indispensable. Ainsi, beaucoup d’opérateurs estiment que sans l’ouverture aux compétences étrangères, la croissance est fortement compromise dans les secteurs des nouvelles technologies et celui des services financiers. Ces secteurs d’activités ont connu des changements majeurs dans les pays développés et nous risquons d’accumuler des retards sans un transfert rapide de connaissances par le biais des spécialistes étrangers.
Dans le cas des services publics, les chefs étrangers ont l’avantage d’être moins dépendants des lobbies. Les étrangers ignorent les considérations de communautés, de castes et d’affinités partisanes. C’est ce qui a permis au Canadien Bert Cunningham, par exemple, nommé à la direction de la douane en 2002, de transformer ce département en un service efficace et moderne.
Il y a dix ans, l’ancien Premier ministre promettait de nommer à la direction de la MBC un étranger capable de donner un souffle nouveau à l’audiovisuel public. S’il ne s’était pas rétracté par la suite, le pays n’aurait pas eu à rougir de sa télé qui reste plongée dans la pénombre.
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