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L’obstacle

30 décembre 2015, 07:45

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La question de la réforme électorale se réduira inévitablement à celle de la représentation proportionnelle (RP). Il est même probable que l’adoption d’un scrutin mixte soit la pierre d’achoppement contre laquelle buteront les travaux du comité interministériel institué pour réfléchir sur la réforme électorale.

D’ailleurs le président de cette instance, Xavier Duval, le concède d’ores et déjà : «La réforme électorale ne sera pas difficile, sauf pour la proportionnelle.» (Voir l’express d’hier).

Dans l’histoire politique du pays, il y a eu plusieurs tentatives d’injecter une dose de proportionnelle dans notre système électoral. À chaque occasion, l’exercice s’est avéré infructueux. De ce fait, rien n’a changé.

Au fil des élections, le mode de scrutin a montré des défauts criants. Beaucoup de Mauriciens de bonne volonté reconnaissent que pour soigner les dérèglements du système actuel, une dose de RP suffirait. Pourtant, dans la pratique, le mode de First Past The Post perdure.

Il faut remonter assez loin dans l’histoire pour comprendre que la résistance à la RP est bien ancrée dans les mentalités. Dans un livre bien documenté, «Mauritius : Indentured Labour and Society», l’historien Kevin Shillington décrit cette phase de notre histoire qui date de 60 ans déjà : «Proportional representation, as it came to be known, came to the forefront during 1955 when the Parti Mauricien began its campaign against what it called Hindu hegemony. One attempt by Lennox-Boyd, the Secretary of State, to introduce Proportional Representation failed. In the MLP, it was the more radical elements that denounced proportional representation, seeing Mauritius as being composed of classes rather than ethnic groups».

Paul Bérenger est arrivé aux mêmes conclusions dans ses recherches sur l’histoire. Dans un exposé sur «Les communautés depuis Labourdonnais et le système électoral», il soutient qu’en 1956 «Londres tenta d’imposer un système électoral à la proportionnelle très compliqué dans le but, dirent les autorités britanniques, de permettre à toutes les communautés d’être représentées au Parlement». Le Parti Mauricien de Jules Koenig donne son accord mais le PTr de Seewoosagur Ramgoolam rejette la proposition.

Le projet de RP refait surface en 1966 avec la commission Banwell. Seewoosagur  Ramgoolam y oppose une vive résistance. Au cours d’une manifestation monstre qu’il organise à Port-Louis, il qualifie les propositions de Banwell de «viol de la démocratie». Aussitôt après, le pouvoir colonial se rétracte et confie à John Stonehouse la tâche de corriger les «anomalies» de Banwell. Du coup, la RP était enterrée.

Il est vrai que nous avons eu, depuis, Sachs, Collendavelloo, Carcassone, Sithanen et d’autres. Mais le fait est que nous n’avons guère avancé. Duval affirme que le chemin vers la proportionnelle est difficile. C’est bien plus. Il est tortueux et semé d’embûches.