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Réforme électorale : Banwell et bann-là…

9 janvier 2016, 07:58

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Sérieusement, que peut-on attendre du comité ministériel, présidé par Xavier Duval, sur la réforme électorale qui commence ses travaux lundi ? «Qui veut enterrer un projet épineux (une réforme électorale par exemple) le confie à un comité», assène notre collègue et historien Yvan Martial, dans l’express du vendredi 8 janvier, sous le titre «Lions nos faux désirs de réforme électorale et le Rapport Banwell indigeste…»

Si on était méchant, on pourrait rajouter une couche (comme cela se chuchote dans les milieux politiques) : surtout si le comité en question est présidé par le même Xavier Duval qui a été associé au comité de suivi sur les recommandations de la commission Justice et Vérité (janvier 2012) et un autre sur la réforme du Local Government Act (avril 2015). Pour dire le moins, les deux comités n’ont pas produit grand-chose...

On ne souhaite pas être méchant. Et nous nous devons d’encourager toute réforme majeure susceptible de pousser le pays en avant – et de nous assurer que l’on ne recule pas sous l’influence d’esprits et d’intérêts rétrogrades et conservateurs. D’autant que c’est le leader du PMSD luimême qui nous a déclaré son optimisme, dans un entretien à l’express en date du 29 décembre 2015. Mais un certain nombre de spécialistes de la question avancent que les attributions du comité ministériel Duval sont bien trop larges et ambitieuses (le comité n’ayant pas dans ses rangs des compétences techniques pour ce genre de travaux pointus), Xavier Duval avance, lui, que “la réforme électorale n’est pas difficile sauf pour la PROPORTIONNELLE.” Voilà le mot qui a tout fait capoter jusqu’ici et qui a voué aux gémonies sir Harold Banwell, dont le rapport électoral, déposé au Parlement en mai 1966, «a provoqué les foudres ramgoolamiennes».

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L’histoire de la proportionnelle est riche en enseignements. Et aujourd’hui elle semble vouloir se répéter avec les mêmes causes qu’hier.

C’est dans le sillage de la conférence constitutionnelle de 1965 qu’Anthony Greenwood, alors secrétaire d’État aux Colonies, envoie une commission électorale à Maurice, menée par Banwell. M. Greenwood, lui-même, était en visite chez nous en avril 1965 pour discuter avec les dirigeants du pays de notre avenir constitutionnel. Il découvre alors une nation qui tente de se construire dans un contexte économique difficile. La surpopulation et le sous-développement ont créé une âpre compétition entre différents groupes aux intérêts divergents. L’urgence économique est manifeste. Mais certaines personnes ont d’autres visées que le vivre-ensemble mauricien. Ce sont ceux-là qui vont avoir la peau de Greenwood; ce dernier voulait pourtant décourager «la multiplication des partis minoritaires». Afin de favoriser des partis nationaux susceptibles de faire du ‘nation building’.

S’inscrivant dans la même logique que Greenwood, Banwell propose un correctif variable à tout parti obtenant plus de 25 % des suffrages. Sauf que 25 % des sièges donneraient un droit de veto à une majorité voulant amender la Constitution en sa faveur. C’est ce qui hérisse Ramgoolam-père – qui avait suivi avec inquiétude le sort de Cheddi Jagan en Guyane.

Pour calmer les esprits, Londres envoie alors le diplomate John Stonehouse, qui a pour mission d’arrondir les angles, mais surtout de ‘corriger’ le rapport Banwell afin de perpétuer l’infrastructure communale du courant majoritaire, tout en rassurant les voix minoritaires. La trouvaille de Stonehouse : le Best Loser System – qui oblige chaque candidat/e à la législature de déclarer à quelle communauté il/elle appartient afin de rationaliser l’application du correctif constant d’ordre communal. Et pour soutenir ce système électoral qui a effacé d’un trait de plume la proposition progressiste de Banwell, il a fallu, avant notre indépendance, ce recensement d’ordre communal. Et depuis, c’est le règne du tant décrié système First Past The Post qui a produit, cinq fois sur neuf, des résultats électoraux disproportionnés, et outranciers : 1982, 1991, 1995, 2000 et 2014.

Notre histoire démontre surtout que ce sont toujours ceux-là mêmes qui bloquent la réforme qui en sont les victimes par la suite. Si Stonehouse n’était pas venu, à la suite des protestations de SSR, la proportionnelle préconisée par Banwell au départ aurait assuré à l’alliance ramgoolamienne un quart de sièges au Parlement en 1982. La proportionnelle de Banwell aurait aussi empêché le premier 60-0 et maintenu une opposition parlementaire. L’expert Banwell avait prévu ce cas de figure, mais les travaillistes se croyaient éternels, un peu comme Jugnauth plus tard.

Déjà, dans un éditorial intitulé Correctifs pour Banwell, le Dr Philippe Forget écrivait, dans l’express en date du 27 juin 1966 : «Le contenu communal des Best Losers est une branche morte du temps jadis. Il est un obstacle aujourd’hui. Demain il exaspérera».

Mais triste est de constater que 50 ans plus tard les esprits divisionnistes sont toujours à l’oeuvre. En donnant à un Duval le soin de présider le destin de notre système électoral, ne tentent-ils pas de perpétuer ce jeu infect qui n’a que trop duré ? Seul l’avenir nous le dira…

 

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«Mon parti a un boulevard devant lui.» On comprend mieux aujourd’hui la déclaration du leader du MMM au magazine Jeune Afrique en octobre dernier. Serein, en effet, Paul Bérenger conserve un sacré avantage sur les leaders des deux autres principaux partis qui sont pour l’instant embourbés dans des affaires devant la justice. Ce qui pompe toute leur énergie et les rend absents du terrain politique.

En revanche, Bérenger est, lui, omniprésent, notamment, au Parlement. Où sa maîtrise des Standing Orders commande le respect et accule souvent les ministres inexpérimentés. Ainsi, à la fin de l’année dernière, Bérenger a rappelé au ministre des Finances et à celui du Travail que ceux qui touchent une pension (les handicapés, veuves, orphelins, retraités, etc.) avaient aussi droit à une compensation salariale. Le gouvernement Lepep les avait tout bonnement oubliés ! Puis il a forcé le ministre de la Bonne gouvernance à revoir, plus d’une fois, sa copie sur le GGIR. Mis au repos parlementaire, il ne compte pas rester tranquille et va, à partir d’aujourd’hui, reprendre le combat politique – en jouant sur son atout incontestable : il est le seul chef politique  à ne pas avoir des ennuis avec la justice. Et dans un pays comme le nôtre, cela n’est pas rien. Bérenger le sait mieux que quiconque...