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Maintenir la stabilité financière

13 janvier 2016, 14:31

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Bail-in ou bailout ? C’est un choix auquel aucune banque centrale ne souhaite être confrontée. Pourtant, elles sont nombreuses celles à avoir été contraintes de recourir au bailout. La faute à la crise financière de 2008 qui a emporté sur son passage plusieurs institutions bancaires. Même des too big to fail n’y ont pas échappé.

À Maurice, aucun dégât n’a été déploré durant cette période de triste mémoire. Les banques locales n’ayant pas été exposées aux produits toxiques qui ont coulé des sociétés comme Lehman Brothers. Ce qui ne signifie pas pour autant que le paysage financier est à l’abri de cyclones. La preuve avec l’éclatement de l’affaire BAI, dont le détonateur a été la révocation du permis d’opération de la Bramer Bank.

Les événements qui se sont enchaînés témoignent de la fragilité du tissu financier et de son poids dans l’économie du pays. D’ailleurs, le gouvernement a dû intervenir pour éviter tout dérapage. Une intervention qui ne manquera pas de peser sur les finances publiques. 

Afin de réduire les risques de se retrouver dans de telles situations à l’avenir, la Banque de Maurice juge nécessaire de se pencher sur les créances douteuses. Car toute dégradation à ce niveau ne fera qu’impacter négativement le système financier local avec en première ligne les banques. 

Qui plus est, l’émetteur de billets est très conscient du fait que “when driven by economic sector under-performance, non-performing loan (NPL) concentration levels can also induce a liquidity crisis within banks and trigger ripple effects across the whole banking system”. 

Il y a donc urgence car non seulement le niveau des prêts non performants est-il passé de 3,8 % en 2008 à 7,8 % en 2015 – reflétant une détérioration de la qualité des prêts – mais il est aussi un fait que le pays est confronté depuis ces dernières années à un ralentissement économique. Ce qui pourrait constituer un cocktail explosif si rien n’est fait pour rectifier le tir. 

La Banque de Maurice croit avoir trouvé la solution à travers la mise en place d’une Asset Management Company (AMC). L’AMC aura pour tâche de contenir les risques systémiques dans le circuit bancaire en purgeant les bilans financiers des prêts non productifs. 

La réflexion engagée par la Banque de Maurice est très pertinente dans la mesure où le contexte global nous impose aussi d’autres défis. Huit ans après la crise financière, les investisseurs ont appris, très souvent, à leurs dépens que des niveaux de dettes qui paraissaient soutenables au départ sont devenus ingérables par la suite. Cela, du fait d’une détérioration continue de l’environnement opérationnel.

Le relèvement du taux directeur par la Réserve fédérale américaine ne sera pas non plus sans conséquence pour bon nombre de pays émergents qui ont amassé des millions de dollars de dettes. Selon la Banque des règlements internationaux, les emprunteurs sud-africains, mexicains et indonésiens ont tous doublé leurs dettes depuis 2009. Un ralentissement économique prolongé ne fera qu’accroître leur degré de vulnérabilité. Il en est de même pour les entreprises surévaluées et les gouvernements qui vivent au-dessus de leurs moyens.