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La Chine, le monde et nous...

10 février 2016, 07:42

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Même les astrologues, si tant est qu’ils puissent vraiment prédire l’avenir, sont désorientés. Quant aux économistes, on peut comprendre leur désarroi. Il y a encore six mois, l’Afrique avait l’air d’être un continent prometteur. Mais voilà que le Fonds monétaire international nous apprend que la croissance a glissé de 5 % en 2014 à 3,75 % en 2015. Le taux le plus bas en 17 ans selon le dernier «Africa Foresight Report» de Brookings.

À qui la faute ? À la Chine qui lève le pied sur l’accélérateur et qui achète moins de matières premières africaines ? Au pétrole dont le prix sombre vers les 30 dollars le baril et fracasse le rêve des producteurs africains ? À l’Europe qui n’a désormais comme atout que son avantage historique ? Oui, mais en partie seulement. Car l’économie mondiale n’est à présent guidée ni par les mêmes forces, ni par les mêmes fondamentaux.

C’est ce que Nouriel Roubini appelle, dans une analyse publiée lundi sur le site du World Economic Forum, le «New Abnormal *», le nouveau phénomène qui caractérise l’économie mondiale cette année. Ce professeur de la Stern School of Business de l’université de New York, qui avait prédit le «credit crunch» de 2007 aux États-Unis, souligne qu’outre une série de facteurs mondiaux (qu’il énumère), «les politiques économiques, spécialement les politiques monétaires, sont devenues de plus en plus non-conventionnelles».

Il nous rappelle qu’il y a dix ans, personne n’avait entendu parler de ZIRP (zero-interest-rate policy) de QE (quantitative easing) ou de CE (credit easing), pour ne citer que ces termes. Comme dans de nombreuses sphères qui participent à notre quotidien (les médias et la téléphonie par exemple), l’écosystème n’arrête pas d’évoluer, brouillant ainsi nos instruments de mesures traditionnels. Absorbé dans ce nouvel environnement, le monde craint un «hard landing»de la Chine, devenue l’épicentre du commerce mondial. Et il faudra probablement, et pour longtemps encore, compter sur elle.

L’Empire du Milieu se recentre sur lui-même, pour tirer avantage de son marché intérieur, et déploie en même temps ses ailes à travers la planète. Il met en place graduellement son projet mondial «One Belt, One Road», pendant que l’Europe est empêtrée dans une crise identitaire, que l’Afrique reçoit une douche froide, que les économies émergentes s’essoufflent (sauf l’Inde) et que, perdu sur la carte du monde, le Petit Poucet mauricien veut rééditer le  «miracle» du plein-emploi des années 1990.

Voilà où nous en sommes. On ne peut plus utiliser les instruments habituels, les modèles d’avant et les arguments classiques. Sans doute y a-t-il des conditions immuables comme la productivité, l’innovation, le besoin de se réinventer et de diversifier. Mais le plus vital, pour les petites économies comme la nôtre, sera de savoir s’adapter.

S’adapter signifie composer avec les éléments qui nous entourent, le soleil, la mer, la pluie, le vent. Développer des habitudes écologiques aussi simples que la collecte d’eau de pluie. Cultiver de petites habitudes et nourrir en même temps de grandes ambitions.

La stratégie de développement tous azimuts de Maurice – décentralisation de la capitale, construction de villes intelligentes, expansion du port et ouverture d’un couloir économique Afrique-Asie via Singapour et Maurice – effraiera les amateurs du surplace, mais pas les audacieux.

Les nouvelles forces gravitationnelles sur la galaxie économique imposent à la poussière mauricienne du «robust decision-making» sur fond d’un «risk management plan». Et pour cela il faudra se réveiller encore plus tôt.

* What is making today