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L’homme et la nature
Cette savante anecdote mérite d’être rappelée. Elle date de 1755. À la suite du tremblement de terre de Lisbonne - combiné avec un tsunami - il y eut une controverse entre Voltaire et Rousseau. Voltaire affirmait : c’est la volonté divine,on n’y peut rien. Rousseau répondit à peu près ceci : ce n’est pas Dieu qui a construit la ville de Lisbonne mais l’homme ! En d’autres termes : les tremblements de terre ne tuent pas, mais les bâtiments si... On pourrait aisément, dans notre cas, remplacer les séismes par les inondations, pour arriver à la même conclusion : nous sommes, avec nos constructions inintelligentes, les premiers responsables de la montée des eaux dans plusieurs régions de l’île.
Aujourd’hui, en 2016, la science a beaucoup évolué et nous avons des instruments et des connaissances scientifiques nécessaires pour réussir à réduire l’impact des aléas naturels, tels que les cyclones et les inondations. Mais pour parvenir à cela, il nous faut d’abord faire émerger une vraie et saine culture de prévention et de gestion des risques naturels sur l’ensemble du territoire.
Comment s’y prendre ?
Sans occulter la dimension politique de la gestion des risques, il nous faut commencer par dépassionner les débats politiciens de bas étage, genre le débat sur le nombre de victimes de flash floods, en 2008 et 2013, entre un Raj Dayal, trop fier de ses prouesses en hélicoptère, et un Anil Bachoo qui continue, malgré tout, à défendre bec et ongles la NDU. Tombons d’accord : le nettoyage des rivières, la construction des drains et la prévention et la gestion des inondations sont l’affaire de tous, pas l’apanage d’un gouvernement, d’un parti, d’un ministre ou d’un PPS.
Il faut encourager une action concertée, cohérente et rapide, en fonction des risques qui nous guettent. Par exemple, c’est bien d’avoir finalisé le Natural Disaster Risk Reduction and Management Bill, mais en quoi ce document nous est-il utile si le Parlement reste fermé pas pour cause d’inondations mais pour cause de vacances ?
Il importe aussi de sortir de la logique insulaire et de voir le changement climatique et ses impacts, dont on a tant parlé lors de la COP 21, dans leur globalité. Quand il est établi, ailleurs dans le monde, que la température des océans sera plus chaude et qu’un océan plus chaud favorise la prolifération de cyclones et de pluies, cela est important pour nous de nous y préparer dès à présent.
Il faut, donc, prendre des mesures urgentes d’adaptation dans des domaines tels l’urbanisme, les infrastructures, la protection des régions côtières. Ces mesures prennent du temps pour produire leurs effets et en attendant les vulnérabilités des zones impactées ne font qu’augmenter.
Enfin, il faut impliquer dans nos politiques de gestion des risques naturels, outre le gouvernement, tous les acteurs : de la protection civile à l’environnement, en passant par les assurances, les ONG, les forces de sécurité, les médias. Les points mentionnés plus haut semblent être facilement réalisables sur le papier. Mais, à travers le monde, on a vite déchanté : la culture de prévention des risques (c’est-à-dire la capacité d’anticiper ce qui pourrait arriver et d’agir pour en limiter l’impact) est difficile à faire passer dans les politiques gouvernementales et dans l’esprit du grand public.
Et quand les inondations deviennent répétitives et commencent à paralyser le pays et notre économie, il importe de devenir plus réceptif à la nécessité de la prévention. Pour que la prévention des inondations fonctionne réellement, on doit tous se sentir concernés, comme sur un même bateau face à la montée des eaux. Il nous faut donc échanger en permanence. Car pour participer à la prévention, le citoyen se doit d’être convaincu que l’action qu’il va prendre est d’abord dans son intérêt. L’homme est ainsi fait...
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