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Le phénomène Trump et nos valeurs universelles

28 février 2016, 07:55

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Le phénomène Trump et nos valeurs universelles

 

Aux États-Unis, la course à la Maison-Blanche, comme à l’accoutumée, prend des allures de politique spectacle, version hollywoodienne. Barack Obama, le premier président non-blanc, veut sortir de l’histoire par la grande porte en cadenassant la prison de Guantanamo. Malgré une vieille promesse de campagne datant de 2007, Guantanamo demeure le  criminels. Selon Obama, la prison militaire est «contraire aux valeurs» des États-Unis, affaiblit la sécurité nationale du pays et ternit son image à travers le monde. D’où l’ultime tentative de fermeture d’Obama.

Revenons aux primaires, qui sont bien entamées. Du côté des démocrates, malgré la popularité de Bernie Sanders vis-à-vis des jeunes et de tous ceux qui s’élèvent contre les dérives dynastiques des candidats à la présidentielle, la victoire semble être acquise à Hilary Clinton. Elle dispose de plus de 200 «super délégués» qui labourent le terrain en sa faveur. Avec un tel déploiement, le clan Clinton est pratiquement sûr de gagner l’investiture démocrate; d’autant qu’Hilary veut, elle aussi, marquer l’histoire de son pays, en étant la première femme présidente des États-Unis. Mais attention : les primaires ont leur lot d’imprévus. Ainsi, lors de primaire dans le New Hampshire, les électrices ont surtout voté en faveur de Bernie Sanders, 74 ans. «Les femmes ne sont pas forcément convaincues que seule une femme peut les défendre, contrairement à ce que certains soutiens de Mme Clinton ont maladroitement suggéré», font ressortir plus d’un média US…

Mais la vraie course (dans la course), à suivre, est celle qui se joue dans le camp des Républicains, où tous les coups les plus bas volent. Après le New Hampshire et la Caroline du Sud, le magnat de l’immobilier new-yorkais, le populiste totalement décomplexé Donald Trump, celui qu’on ne prenait pas au sérieux jusqu’ici, a remporté haut la main le caucus du Nevada. Les observateurs politiques «mainstream» commencent désormais à frémir car «Trump is no more running like a joke». Il a reçu vendredi le soutien de Chris Christie, gouverneur du New Jersey, qui est un détracteur acharné de son principal rival, Marco Rubio. Christie devient ainsi le premier dirigeant politique à soutenir officiellement le magnat de l’immobilier. Ce ralliement intervenait à cinq jours du «Super mardi», journée cruciale des primaires au cours de laquelle une dizaine d’États sont appelés à voter.

Trump est un clown arrogant qui jette sa fortune aux yeux de tous pour montrer que le système démocratique est vicié. Il estime qu’il est en train de rendre un service à son pays en consacrant un peu de temps au service public – afin de donner un sens au leadership politique en mettant en avant sa propre histoire. Doté d’un sens de la communication poussée, il se passe d’intermédiaires et s’adresse directement aux électeurs bigarrés des States. Il a choisi, comme hymne de campagne, la chanson de Neil Young intitulée Rockin’ in the Free World. Ce qui fait sa force auprès de certaines catégories d’électeurs, c’est son franc-parler politiquement incorrect : il n’hésite pas à parler franchement d’immigration, de terrorisme islamiste.

Un peu comme Marine Le Pen en France, c’est justement sur l’immigration que Trump arrive à fédérer nombre d’Américains, ceux qui vivent dans le déni du changement démographique des États-Unis, qui ont une nostalgie d’une Amérique d’antan et qui redoutent la mondialisation et le multiculturalisme. Ainsi Trump ambitionne de construire un mur le long de la frontière mexicaine qui sera financé par le Mexique et menace de faire expulser les 11 millions de sans-papiers qui sont sur le territoire US. De la démagogie à outrance…

Face à la menace Trump, même le Vatican a cru important d’intervenir dans le débat politique US. Interrogé par la presse, le pape François a lancé : «Une personne qui ne pense qu’à la construction de murs, où qu’ils se trouvent, et non à la construction de ponts, n’est pas chrétienne.»

Le Saint-Père pourra-t-il prévenir la malédiction Trump ?

 

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Dans le cas de l’agresseur soupçonné, âgé de 18 ans, si la loi était réactivée sous la pression de la rue, sommes-nous réellement prêts à lui ôter la vie, à lui infliger un châtiment irréversible ? Une sentence sommaire qui fait fi de tout processus de guérison, de réinsertion sociale ?

À la suite du double meurtre de Camp-de-Masque-Pavé, comme c’est souvent le cas après un crime crapuleux, la question de la peine capitale revient sur les lèvres. Suspendue à Maurice, elle demeure sur nos têtes comme une épée de Damoclès, ou une lame de guillotine…

Pour beaucoup d’entre nous, la peine de mort est la négation même du droit humain le plus fondamental qui est celui de vivre, tel qu’énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Dans le cas de l’agresseur soupçonné, âgé de 18 ans, si la loi était réactivée sous la pression de la rue, sommes-nous réellement prêts à lui ôter la vie, à lui infliger un châtiment irréversible ? Une sentence sommaire qui fait fi de tout processus de guérison, de réinsertion sociale ? Serait-ce aussi un aveu que nos prisons – où les drogues et les protections, se monnayent sous forme de services sexuels – ne peuvent réformer qui que ce soit ?

À tête reposée, pas au lendemain d’un crime, il conviendrait de rouvrir le débat. Y aurait-il des situations où la peine capitale pourrait s’appliquer, par exemple lorsqu’un meurtrier n’a aucune chance de réhabilitation ? Mais comment le savoir à l’avance ? Comment être sûr d’éviter toute erreur de justice ? Aurore Gross-Coissy aurait pu être condamnée à mort… Il en va aussi de l’universalité de ce principe. Soit on l’applique, soit on ne l’applique pas. Réagir viscéralement peut nous faire revenir en arrière. Or, ce qu’il nous faudrait c’est une justice respectueuse de nos valeurs. C’est davantage une question philosophique, de type de société que nous voulons.