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Notre monde fait de conflits multilatéraux

5 mars 2016, 07:16

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À tort ou à raison (là n’est pas la question du jour), le gouvernement Lepep a choisi de trancher l’affaire BAI dans le vif. Il fallait, insistaient Vishnu Lutchmeenaraidoo et Roshi Bhadain, stopper l’hémorragie et protéger le grand public d’un «Ponzi-like scheme». Les deux ministres donnaient alors l’impression de savoir ce qu’ils faisaient. Mais force est de constater aujourd’hui que la gestion post-BAI connaît de plus en plus des ratés. Entre la nomination du premier tandem d’administrateurs Bonieux-Oosman (ont-ils été payés au final ? combien ? et par qui ?) jusqu’à la démission «forcée» du Receiver de l’ex-Bramer Bank, Gérald Lincoln, il s’en est passé des choses, des choses pas très nettes.

C’est dommage que Lincoln ait soumis sa démission – sans s’expliquer vraiment –, car l’affaire initiée par lui en cour a été tuée dans l’oeuf. Du coup, on ne saura pas si la Banking Act avait, dans le cas des avoirs de l’ex-Bramer, préséance sur l’Insurance Act amendée récemment. Tout comme on ne saura pas pourquoi le Conseil des ministres a choisi de prendre la Banque centrale et Ernst and Young à contre-pied pour favoriser la Financial Services Commission et la BDO (critiquée par ailleurs par le rapport nTan).

Au-delà du conflit entre deux régulateurs, et entre pratiquement toutes les boîtes d’audit du pays, il y a d’autres désaccords qui n’ont pas encore éclaté ouvertement. Face à ces faux pas, et aux intérêts clairement divergents qui sont en jeu, Dawood Rawat doit se frotter les mains aujourd’hui...Ses meilleurs avocats sont devenus ceux qui tirent les ficelles, maladroitement, dans cette nébuleuse affaire BAI – une affaire qui risque de nous coûter encore plus cher qu’on ne l’a imaginé jusqu’ici...

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Après le double meurtre de Camp-de- Masque-Pavé, un autre cas de violence grave vient nous hanter. Il s’agit de celui de Rose-Belle, où l’une des deux victimes a eu les deux poignets sectionnés par une vingtaine d’individus encagoulés. C’est, apprend-on, un règlement de comptes sur fond de tension communale. La milice populaire qui est passée à l’acte serait proche de certains politiciens et se croirait, ainsi, protégée. Voilà où peut mener la politique telle qu’elle est pratiquée sur le terrain par nombre de ceux qui nous représentent au Parlement.

La violence est un sujet complexe et émotionnellement chargé. D’où la nécessité de ne pas réagir à chaud ou de manière excessive. C’est dommage que des ministres, qui dégainent plus vite que leur ombre quand ils voient un micro, se sont empressés de réclamer le rétablissement de la peine de mort alors que ce sujet grave mérite qu’on en discute de manière posée, en étudiant tous ses aspects. Répondre à la violence par la violence est en fait un réflexe du temps passé, de ceux qui ne réfléchissent pas assez.

Avant d’évoquer la peine capitale, il nous faut comprendre les sources du mal. La violence qui nous préoccupe ces temps-ci a-t-elle été définie ? Au-delà de ses manifestations ponctuelles qui nous choquent, comprenons-nous ses causes, ses significations, ses catalyseurs, ses agents provocateurs ? Comprendre nous permet de prendre du recul et de la hauteur. Par exemple, on verra que la violence physique succède souvent à la violence symbolique qui isole les humains les uns des autres, qui détruit les liens d’humanité et les liens sociaux d’une communauté.

 

Mais la violence n’est pas une fatalité, elle a toujours existé. Ce sont les réponses à la violence qui ont évolué. Suspendue à Maurice en 1995, la peine de mort – un acte de violence en soi – est aujourd’hui brandie de plus en plus car nous n’arrivons pas à contenir des actes de violence.

Il est réconfortant, par contre, d’entendre des voix raisonnées qui rappellent que la peine de mort est la négation même du droit humain le plus fondamental qui est celui de vivre, tel qu’énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Des voix citoyennes qui soulignent que la sentence sommaire fait fi de tout processus de guérison, de réinsertion sociale et de questionnement de la politique politicienne de chez nous.

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Au niveau mondial, le poids de la Chine est devenu tel qu’une baisse de régime de l’économie chinoise affole les principales places boursières. Réunis à Shanghai, les ministres des Finances du G20 ont affiché, les 26 et 27 février, leurs inquiétudes «grandissantes» face au taux de croissance de l’Empire du Milieu qui est descendu à 6,9 %, son taux le plus bas depuis 25 ans. Si on a l’habitude d’entendre des cris d’alarme d’économistes, cette fois-ci, les choses paraissent autrement plus sérieuses. Aujourd’hui, plus qu’hier, tout est imbriqué dans l’unique modèle économique qui relie le monde : le libre-marché (dont le processus est accéléré par la mondialisation des biens et services). Les ministres des Finances du G20 sont d’accord qu’il leur faut «faire plus» et «oeuvrer à la fois individuellement et collectivement». Et pour qu’il y ait une reprise de l’économie mondiale et pour contrer les risques potentiels (dont le Brexit), ils doivent utiliser «tous les outils monétaire, budgétaire et structurel». Bref, il leur faut agir en concertation afin de solutionner la guerre des devises et les surcapacités de production des Chinois. Qui ne vont pas se laisser faire. On y revient dans l’édition spéciale de Business Magazine – le Business Yearbook – qui sera dans les kiosques ce mercredi 9 mars.