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Masquer la réalité
On a entendu bien des propos délirants depuis la publication du rapport PRB. Les syndicalistes ne sont pas satisfaits. Ils attendaient davantage de Père Noël. Ils organisent donc la résistance, poussant la surenchère jusqu’à brandir des menaces de grève de la faim.
Dans ce brouhaha, personne n’a réfléchi sur ce qui constitue pourtant une donnée économique fondamentale. Est-ce raisonnable d’accroître la masse salariale de la fonction publique de Rs 3 milliards sans que l’État n’exige, en contrepartie, une hausse de productivité de ses agents ?
Le ministre de la Fonction publique s’est contenté, pour sa part, de souligner que l’alliance au pouvoir honore des promesses électorales. Les contribuables auraient préféré savoir, eux, ce que leur rapportera cette dépense publique supplémentaire. Les services de l’État seront-ils plus performants ? Il est étonnant que le leader de l’opposition, généralement si soucieux de l’usage qui est fait de l’argent des contribuables, ne se soit pas demandé si ces milliards additionnels sont dépensés judicieusement.
Certains chiffres avancés par le ministre Alain Wong suscitent le doute. Par exemple, celui qui évalue la fourchette d’augmentation entre 6,5 % et 10,4 %. De plus, consciemment ou pas, le ministre induit l’opinion en erreur quand il affirme qu’avec le dernier rapport PRB, le ratio salarial entre le sommet et la base est de 1 à 7. Pour arriver à ce chiffre, et masquer la réalité, il compare le salaire d’un chef de cabinet (Rs 122 000) à l’échelon le plus élevé (Rs 17 375) de la grille pour un ouvrier. Ce calcul ne tient pas compte du fait qu’un chef de cabinet peut doubler, voire tripler, son salaire grâce aux jetons de présence alloués aux membres de conseil d’administration des entreprises parapubliques.
On peut procéder autrement pour calculer le ratio. Si on prend comme référence le salaire du chef juge (Rs 206 000) et celui d’un ouvrier au bas de l’échelle (Rs 7 800), on arrive à un ratio de 1 à 26. Les deux modes de calcul sont trompeurs et s’apparentent à de la démagogie.
Pour mesurer l’écart salarial, les économistes à travers le monde préfèrent comparer la rémunération la plus élevée au salaire médian. Un tel indicateur donne une idée plus juste de l’ampleur des inégalités. Mais le ministre de la Fonction publique cherche-t-il vraiment à savoir si les services publics respectent l’égalitarisme ?
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