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Question de fond
À quelques semaines du Budget, le Premier ministre invite la communauté des affaires à privilégier l’investissement productif mais sans dévoiler le fond de sa pensée. Qu’entend-il par productif ?
Pour mieux comprendre les propos de sir Anerood Jugnauth, il est nécessaire de les réunir dans une grille de lecture comprenant également les commentaires du nouveau conseiller au ministère des Finances.Gérard Sanspeur explique, dans un entretien accordé à notre confrère Le Mauricien, que «l’erreur des années précédentes a été de se focaliser sur les investissements en relation avec l’immobilier». D’où le fait que d’autres secteurs ont pâti.
Un tel discours ne peut signifier qu’une chose : un changement de cap. Reste maintenant à connaître la stratégie qui sera adoptée afin d’amorcer ce grand retour vers les secteurs traditionnels. En attendant que ne se définissent les contours de la nouvelle politique, le fait demeure que les investissements jugés «non productifs» continuent de se tailler la part du lion du stock d’investissements directs étrangers qu’accueille Maurice chaque année.
2007 a été un point de basculement lorsque le flux des IDE franchissait pour la première fois la barre psychologique de Rs 10 milliards pour se fixer à Rs 11,51 milliards. Alors que deux années plus tôt, le pays peinait à attirer Rs 3 milliards. À partir de là, les investissements dans le secteur de l’immobilier iront crescendo jusqu’à atteindre un pic de Rs 7,55 milliards en 2012.
La dépendance est telle qu’elle a donné des sueurs froides aux autorités en 2011 à la suite d’une chute vertigineuse des IDE au premier trimestre. Anticipant une situation catastrophique, le Premier ministre d’alors, de même que le Gouverneur de la Banque centrale de l’époque étaient montés au créneau. Leurs craintes portaient, entre autres, sur les risques d’un dérapage incontrôlé au niveau du compte courant de la balance des paiements avec des effets innommables sur toute la structure économique, à commencer par le taux de change de la roupie. D’où la prudence.
C’est d’ailleurs forts du poids de cette activité que des opérateurs jugent nécessaire d’éviter tout amalgame avec des pratiques ayant trait à la spéculation. Du coup, ils réfutent catégoriquement le terme investissements «non productifs», arguant que l’immobilier contribue également à l’expansion du PIB et fournit de l’emploi à nombre de personnes à travers les sociétés se trouvant le long de la chaîne d’approvisionnement.
Une analyse qui ne trouve pas écho chez les détracteurs de l’immobilier, qui préfèrent surtout y voir les risques associés à l’éclatement d’une bulle spéculative ainsi que son impact. D’autant plus que des institutions financières y sont exposées. Outre le fait de ne pas être durable, il est reproché à l’investissement dans ce secteur de n’avoir aucune incidence sur la capacité productive du pays.
Au vu de ce qui précède, deux questions viennent à l’esprit. Dans la conjoncture économique actuelle, le pays peut-il se passer des investissements dans le développement foncier ? Secundo, pendant combien de temps encore le pays pourra-t-il dépendre de ce type d’investissement ?
Attendons de voir si le prochain budget apportera les éléments de réponse.
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