Publicité

La voie diplomatique

4 mai 2016, 12:41

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

 

La crise économique a complexifié la quête de la croissance. C’est le cas notamment pour les petits États insulaires du bassin océan Indien. Non seulement ils souffrent de l’éloignement des marchés mondiaux, mais l’exiguïté de leurs territoires – exception faite de Madagascar – constitue également un frein au progrès.

Le défi est certes de taille, mais pas insurmontable. Pour y parvenir, il est nécessaire d’enlever les œillères qui nous empêchent de voir au-delà de nos frontières respectives. Ailleurs, des blocs régionaux se sont formés dans le but de contrer les effets de la mondialisation. Ici, malgré des problématiques communes liées à leur insularité, les îles de la région ne sont toujours pas à même de mutualiser efficacement leurs efforts pour mieux appréhender le nouveau paysage économique mondial.

Pourtant, il n’y a plus besoin aujourd’hui de prêcher les mérites d’une région mieux intégrée. Il y a des convaincus dans toutes les îles. Malheureusement, ce n’est pas suffisant comme en témoigne le manque d’initiatives transfrontalières conjointes. Nous parlons bien évidemment à l’échelle des pays.

Or, pour faire avancer les choses, il est impératif de dépasser le simple cadre d’une prise de conscience, voire de s’affranchir de certaines notions. Le concept d’État-nation, par exemple, a jusqu’ici limité nos réflexions, de même que nos stratégies. En choisissant l’ouverture, il est plus facile de voir au-delà des frontières physiques qui délimitent nos territoires. En ce sens, les observations de Kenichi Ohmae dans The End of the Nation State peuvent se révéler une source d’inspiration pour le nouveau ministre des Affaires étrangères mauricien, Vishnu Lutchmeenaraidoo, dans le cadre de la recherche du meilleur modèle en vue d’un élargissement de l’espace économique.

D’autant plus qu’à sa prise de fonction, l’ex-ministre des Finances a laissé entendre qu’il compte «développer une diplomatie qui soit axée essentiellement sur le développement économique.»

Jusqu’ici, Maurice a cherché à établir un triangle de croissance en se tournant vers Madagascar et le Mozambique. Du moins, cela a été la stratégie sous la précédente administration. Une démarche qui s’explique par le fait que ces pays offrent d’immenses potentialités eu égard à leurs ressources naturelles. Mais pour diverses raisons, certains projets n’ont jamais abouti, notamment au Mozambique. Gageons que la situation changera avec l’extension du réseau d’Air Mauritius qui vient d’inaugurer des dessertes directes sur Maputo et Dar es-Salaam.

Dans le même registre, la proposition de loi sur la diplomatie des Outre-mer du député Serge Letchimy pourrait représenter une avancée majeure. Cette législation qui vise, entre autres, à agir sur «le déficit de crédibilité dont souffrent les présidents des assemblées délibérantes des collectivités ultramarines vis-à-vis de leurs partenaires étrangers qui ont le statut de chef d’état» ouvrira de nouvelles perspectives. D’abord et surtout pour la Réunion, mais aussi pour toute la région du point de vue des opportunités qu’elle ouvre en matière de renforcement de la coopération régionale.

Il y a beaucoup à espérer dans la mesure où, comme le souligne le député Letchimy, cette proposition de loi permettra aux territoires outre-mer «d’utiliser tous les potentiels de proximité pour assurer une croissance nouvelle».