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Esprit de partage
La réduction des inégalités passe par le partage. C’est un sens à développer si on veut lutter contre le fléau de la pauvreté et celui du chômage. Au nom de la solidarité, la population devrait accepter de partager à la fois les richesses et le travail.
Cette notion est très peu présente dans la société mauricienne, reconnaissons-le d’emblée. L’actualité offre d’ailleurs, en ce début de semaine, deux exemples de refus de manifester toute forme d’empathie envers les citoyens les moins chanceux. Dans les deux cas, il aurait été plus moral de demander à l’État d’être équitable plutôt que de solliciter des faveurs.
D’abord, il y a la réaction négative des généralistes appelés à sacrifier leurs «overtime» au profit de jeunes médecins au chômage. «Pa tir kas dan pos dokter pou donn bann nouvo dokter, li pa posib sa», disait à l’express hier un médecin remonté contre le partage du travail.
De l’autre, il y a la demande des parents pour le doublement du montant alloué à une catégorie de lauréats. Ils en veulent davantage. Ils exigent que l’État finance les études de leurs enfants à l’étranger et pas à Maurice. Cela leur importe peu que beaucoup d’enfants méritant tout autant d’être aidés ne puissent pas poursuivre des études à l’université de Maurice faute de moyens financiers.
Il est utile, à quelques jours de la présentation du Budget, de rappeler à quel point la culture de solidarité est nécessaire pour lutter contre la pauvreté. C’est l’occasion de remettre en question les prestations sociales universelles, un principe qui oblige l’État à se montrer aussi généreux envers les riches qu’envers les pauvres. L’anomalie a trop duré.
L’ancien ministre Rama Sithanen résumait bien le concept de ciblage de l’aide sociale à travers cette formule : «If you want to help poor people, help poor people.» Mais tant le gouvernement auquel il a appartenu que ceux qui l’ont précédé ont appris à leurs dépens que ce n’est pas facile de convaincre les familles aisées de renoncer à quelques petits avantages même si cela permettra à l’État de dégager des moyens pour mieux aider les pauvres. À chaque fois qu’un gouvernement a touché à l’un des mécanismes à base universelle, comme les subsides et la pension de vieillesse, il s’en est suivi un tollé général. Il n’a jamais été possible d’avancer vers des prestations ciblées.
Économistes comme humanistes, tous sont unanimes à reconnaître que la solidarité est un principe vertueux. Il reste à convaincre le citoyen ordinaire.
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