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Pays OUVERT, marchés OUVERTS, Esprit d’OUVERTURE

5 juin 2016, 07:53

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Pays OUVERT, marchés OUVERTS, Esprit d’OUVERTURE

 

Cela a peut-être échappé à votre attention, mais le mois dernier, Coca-Cola, pourtant produit dans plus de 200 pays du monde, a cessé d’être fabriqué au Venezuela. Par manque de sucre !

Il paraît que cette situation est atteinte parce que d’une part, les producteurs de sucre du Venezuela ne peuvent plus produire; le prix fixé du sucre sur le marché local étant en dessous de leur coût de production et que, d’autre part, il y a des difficultés à trouver des devises même pour importer du sucre. Le Nouvel Observateur de son côté signale que les décisions intempestives du gouvernement, doublées de difficultés budgétaires dans le sillage de la baisse du prix de pétrole, ont aussi mené à ce que Kraft Heinz, Häagen Dazs, Colgate-Palmolive, GM, Goodyear essuient de sérieux revers de production. Même le plus gros producteur de bière du pays, Empresas Polar SA, avait arrêté sa production en avril en raison d’un manque de… malt d’orge.

Contrairement à nous, le Venezuela possède pourtant du pétrole, mais il est clair que cela ne suffit pas pour défier les lois de l’économie, qui relèvent pourtant souvent du seul bon sens.

Chez nous, on se souviendra longtemps encore des tentatives du ministre Jeetah de prouver à Desbro qu’il pouvait importer sa matière première à moins que les 540 dollars la tonne que Desbro disait alors pleinement justifier une augmentation de prix. Le ministre, lui, après «enquête», avait brandi des prix de 465 à 475 dollars la tonne. Son ministère avait tout simplement omis de demander des cotations avec les mêmes spécifications. Tous les fers ne sont pas pareils, évidemment ! Il manquait notamment du vanadium dans la cotation du ministre. Desbro fermait finalement ses portes en 2007, ne souhaitant pas perdre Rs 15 M par mois et mourir stupide. Le prix du fer fut libéralisé trois jours après un accord de vente de Desbro à Murray Roberts. Qui mesure le taux de vanadium dans la production de Samlo ou des fers importés depuis ?

Quelque temps plus tôt, en 2005, nouvelle controverse avec le lait AMUL. Souhaitant «briser le cartel» des importateurs de lait et leur fixer une marge qu’il trouvait, lui, raisonnable, le ministre Jeetah annonce, à la mi-août, l’arrivée d’AMUL, à travers la STC, qui se vendra, dit-il, à Rs 60-65 le kilo. À l’arrivée, AMUL se vend pourtant à Rs 92,50 le kilo, plus cher que ses concurrents. La STC essuie les plâtres. On ne saura jamais ce que cela a effectivement coûté au contribuable. Le prix du lait, dont on ne contrôle plus le prix, subissant la loi d’un surplus d’offre face à la demande depuis sa pointe d’octobre 2014, a chuté de 48 % depuis et tous les consommateurs du monde, grâce à la compétition sur les marchés, en ont bénéficié.

«Le petit pays que nous sommes ne pourra jamais vivre en autarcie. Nous ne serons jamais autosuffisants et ce serait se foutre le doigt dans l’oeil jusqu’à l’épaule de croire que nous pourrons réinventer les lois de l’économie (…)»

Il est bon de rappeler ces exemples à un moment où le gouvernement actuel est occasionnellement tenté d’intervenir intempestivement dans les marchés et qu’il prépare son budget. Prenez, par exemple, la décision de la Tourism Authority de modifier apparemment les règlements en faveur des chauffeurs de taxi présents dans les hôtels. Est-ce bien inspiré de favoriser les chauffeurs de taxi au point où un touriste voulant désormais prendre livraison de sa voiture de location chez Hertz ou Europcar, ne peut plus se faire livrer sa voiture à l’hôtel, mais doit apparemment utiliser un taxi pour aller récupérer sa voiture ? On peut comprendre que les taxis soient contents, mais leur position renforcée, l’est-elle aux dépens des emplois chez ceux qui louent des voitures ? On le saura bientôt ! Mieux ! Dans le mémorandum soumis au comité responsable du budget, la fédération de taxis d’hôtel demande que les étrangers cessent de voyager par bus car c’est un manque à gagner pour l’industrie touristique ! Pas de doute, ici, sur qui veut plumer le poulet !

Autre exemple : les propos du ministre Callichurn en décembre 2015 selon lesquels d’ici cinq ans, après une période de 1 : 1 où chaque étranger employé devra obligatoirement être «paired» avec un Mauricien : «II n’y aura pas d’étrangers dans le secteur ICT/BPO – que des Mauriciens» ! Quoi ? La technologie est-elle appelée à être désormais si figée que nous n’aurions plus jamais besoin de connaissances d’ailleurs ? Plus jamais ? Maurice, centre du monde, peut-être ? Si seulement cela pouvait être aussi simple ! Et si, par exemple, les «understudies», fraîchement formés aspiraient à… émigrer, nous attendons-nous à ce qu’ils puissent le faire rien que le temps de former un compétiteur à l’étranger ?

Qui ne se souvient de la «démarche» du ministre Soodhun pour rationaliser les emplois étrangers chez CMT, qui a failli se terminer en l’exportation, non plus de T-shirts, mais de l’usine tout entière ? Et comment ne pas tressaillir devant le corporatisme privé qui refuse de voir s’installer chez nous des «global legal advisory services» sans qu’il ne leur soit fait obligation de prendre un… partenaire local ?

Le petit pays que nous sommes ne pourra jamais vivre en autarcie. Nous ne serons jamais autosuffisants et ce serait se foutre le doigt dans l’oeil jusqu’à l’épaule de croire que nous pourrons réinventer les lois de l’économie ou d’améliorer notre sort en choisissant ce que nous voulons prendre aux étrangers (leurs iphones, leur présence comme touriste à plumer, l’internet, leur résidence comme étudiants payants dans notre «education hub» et leur pharmacologie par exemple), mais PAS ce qu’ils peuvent nous apporter comme employés, comme résidents, comme pourvoyeurs de savoirfaire pour dynamiser nos monopoles d’état (le port, les casinos, la MBC, la CWA…) Notre seule chance comme une nation, surtout si mieux éduquée et formée, c’est l’ouverture, y compris l’ouverture sur des marchés libres, car seul le marché libre nous forcera à la productivité meilleure qui garantira durablement nos emplois futurs.

Et, au risque de l’oublier, ce petit rappel : «A falling tide grounds all ships. Together.»