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La perspective et les principes

19 juin 2016, 07:25

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La perspective et les principes

 

Un vieil Indien explique à son petit-fils que chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent bataille.

<p>Le premier loup représente la sérénité, l&rsquo;amour et la gentillesse.</p>

<p>Le second loup représente la peur, l&rsquo;avidité et la haine.</p>

<p>&laquo;Lequel des deux loups gagne ?&raquo; demande l&rsquo;enfant. &laquo;Celui que l&rsquo;on nourrit&raquo;, répond le grandpère.</p>

<p style="text-align:right">(Sagesse amérindienne)</p>

Il ne faut pas tout voir en rose évidemment. Rien ne le justifierait, de toute manière, en la circonstance actuelle de la planète. Mais il ne faut surtout pas tout voir en noir non plus. On finirait, alors, par être débordé par une sinistrose envahissante et mortifère qui éroderait la vie de ses plaisirs et de sa raison d’être. Ainsi le terroriste qui tue ? L’important c’est l’équilibre, la mise en perspective, un certain degré de relativisation, sauf s’il s’agit des «essentiels»… entendu que l’«essentiel» de l’un peut aussi être la futilité de l’autre,  bien entendu…

Par exemple, comment fait-on pour ériger la question écologique en priorité absolue quand on parle aux 3 milliards de citoyens du monde qui vivent avec moins de 2,50 dollars par jour (Rs 90 !) ?  La démocratie, valeur absolue à mon sens, prend-elle priorité sur le droit de se vêtir, de manger, d’avoir un toit sur sa tête ? Pas toujours ! Demandez aux Singapouriens ce qu’ils en ont pensé dans les années ’60 ! Et ce ne sont pas les Chinois de cette dernière décade qui s’en plaindront… encore que la démocratie, face à la royauté ou à l’empire, a été un vecteur de promotion sociale extraordinaire et que Chinois ou Singapouriens y viendront forcément, eux aussi, à la demande de leurs bourgeoisies voulant mieux s’exprimer.  

Tout est donc relatif.

COMMENT FAIT-ON POUR ÉRIGER LA QUESTION ÉCOLOGIQUE EN PRIORITÉ ABSOLUE QUAND ON PARLE AUX  3 MILLIARDS DE CITOYENS DU MONDE QUI VIVENT AVEC MOINS DE 2,50 DOLLARS PAR JOUR (RS 90 !) ?  LA DÉMOCRATIE, VALEUR ABSOLUE À MON SENS, PREND-ELLE PRIORITÉ SUR LE DROIT DE SE VÊTIR, DE MANGER, D’AVOIR UN TOIT SUR SA TÊTE ? PAS TOUJOURS !

Et comme me l’indiquait un ami il y a quelques jours, le commentaire que «tout fout le camp ces jours-ci» dans ce pays que l’on aime est une exagération à certains égards, si on pense au passé récent de l’autre qui, lui, s’estompe à son profit. Encore qu’il ne faut pas pour cela oublier que les grognons de l’opinion publique (plutôt que ceux qui grognent pour leurs intérêts propres – ou devraiton dire, pour «leurs sales intérêts»?) sont, immanquablement, ceux qui ont fait avancer les bonnes causes !

Les médias, à ce titre, sauf la MBC, ont souvent tendance à dire ce qui va mal, plutôt que ce qui va bien. Ce faisant, le but n’est pas nécessairement de stigmatiser une personne, point à la ligne, mais de pousser plutôt au changement vers le mieux. Un médecin désinvolte à l’hôpital, qui cause consternation ou bien pire, doit être dénoncé non pas pour le plaisir d’épingler, mais, plutôt avec, en point de mire, que lui-même (et ses collègues) feront, la prochaine fois, un peu plus attention à leurs malades. Un industriel qui pollue son environnement pour «faire des économies» ou un commerçant qui vend de la camelote mérite d’être balancé à l’opinion publique non par plaisir, encore moins par revanche, mais seulement parce qu’ainsi d’autres pourraient faire plus attention et mieux respecter les consommateurs. Dénoncer le trop de pesticides dans les légumes n’est pas une attaque contre la «communauté des planteurs», mais contre… le trop de pesticides qui empoisonne nos enfants !  Un politicien qui faute doit s’attendre à être mis à l’index, non pas parce qu’il est de telle communauté ou de tel parti, mais seulement parce qu’il a trahi le principe du représentant qui incarne la volonté et le bien général.

Ainsi, on n’oublie pas de payer ses factures sans conséquence.

C’est Eleanor Roosevelt qui a dit : “Small minds discuss people, average minds discuss events and great minds discuss ideas” . Bien au-delà de Mme Hanoomanjee et de Mme Prayag, il faut souligner que la presse ne peut assumer son devoir envers la population et son rôle en démocratie si elle peut être sanctionnée arbitrairement pour délit d’opinion. De plus, personne n’est infaillible, ni les journalistes, ni Madame la Speaker, ni même le pape, pour exemplaire qu’il soit. Dans cette situation, seul le «fair comment»  peut assurer le progrès d’une société démocratique, d’autant que toute opinion qui n’est pas de bonne foi devra, elle-même, faire face à un barrage de commentaires défavorables.

Le crime de lèse-majesté relève de notre histoire passée. Les «majestés», empereurs ou rois, du Japon ou de Siam, leaders bien- aimés ou pas, sont après tout des hommes et des femmes, potentiellement faillibles, comme vous et moi et ne doivent pas être à l’abri du commentaire défavorable.