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En avoir pour son argent

22 juin 2016, 11:55

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Deux budgets supplémentaires ont été présentés à l’Assemblée nationale en l’espace d’une vingtaine de jours. D’abord, pour payer les réajustements salariaux proposés par le Pay Research Bureau. Ensuite, il fallait faire provision pour les investissements consentis dans la MauBank de même qu’un montant additionnel à trouver pour subvenir à la pension de vieillesse, entre autres.

Au total, Pravind Jugnauth, qui vient d’hériter du portefeuille des Finances, a invité l’hémicycle à approuver le paiement d’une somme additionnelle de Rs 4,1 milliards. Non sans avoir précisé que le gouvernement sera en mesure de contenir les dépenses dans la limite autorisée de Rs 92 milliards. Mardi, toutefois, il est revenu à la charge avec un budget supplémentaire de Rs 1,7 milliard. Nous retenons, entre autres choses, l’injection de fonds dans la Mauritius Post and Cooperative Bank et la National Commercial Bank ainsi qu’une somme additionnelle visant à combler le dépassement de budget dans le cadre de l’achat de berlines officielles pour les membres du gouvernement.

Ces dépenses additionnelles qui sont présentées au Parlement, de manière systématique, pour en obtenir l’approbation, doivent donner lieu à une réflexion sur les pratiques budgétaires et l’utilisation des deniers publics. À notre sens, pour en venir à bout, il est impératif d’avoir une approche intégrant pleinement la notion de value for money.

À la tête des finances publiques, un Pravind Jugnauth aspirant à de très hautes fonctions devrait saisir l’occasion de se démarquer. Pourquoi pas en révolutionnant le système budgétaire ? Car pour l’heure, celui-ci se résume à égrener un chapelet de mesures pendant plus d’une heure sans pour autant se donner les moyens nécessaires de les mettre en application. Année après année, c’est la même rengaine. D’abord, c’est avec prudence que le secteur privé commente le Budget le jour de sa présentation et souvent pour le qualifier «d’équilibré et répondant aux besoins du pays» pour ensuite découvrir, cette fois-ci à l’abri des micros, que le ministre a manqué d’audace. Justifiant ainsi le déclin de l’investissement.

Afin de mettre fin à cette farce, il est urgent d’agir sur plusieurs fronts. D’abord et surtout en réintroduisant un système de Programme-Based Budgeting (PBB). Le rôle sera surtout de veiller à ce que les projets qui sont proposés au financement respectent toutes les règles en matière de conception. Dans le même souffle, il s’agira de s’assurer d’une mise en application efficace du projet. C’est ce qui fait défaut actuellement ! La preuve, avec les failles découvertes dans plusieurs projets d’infrastructures publiques. Une situation dont nous aurions pu faire l’économie en envisageant la mise en place d’une Project Monitoring Unit. Il est également possible de s’inspirer de ce qui se faisait auparavant sous la Medium Term Expenditure Framework Unit. Cette unité, qui regroupait aussi des ingénieurs, jouait un rôle de chien de garde.

Avec un comité de haute instance sous la présidence du Premier ministre qui semble afficher ses limites, il serait temps de passer à autre chose. Un Economic Committee to Cabinet ? Une telle instance aurait pour tâche d’établir une liste prioritaire de projets et de les soutenir auprès du Conseil des ministres. Ce qui mettra fin à la pratique actuelle, qui consiste à inviter les différents ministères à soumettre leurs projets au ministère des Finances sans pour autant être sensibilisés à leur importance. Pire, dans certains cas, des dotations budgétaires sont même allouées, gonflant de ce fait le budget d’investissement alors que les études préliminaires n’ont pas encore été effectuées.

À un moment où nous parlons de productivité, surtout celle de nos élus qui viennent de s’octroyer une hausse salariale, il est nécessaire de mettre en place un mécanisme reposant sur des indicateurs de performance. Ces critères permettront de récompenser l’effort et le travail tout en réduisant le gaspillage. Ils rendront, par la même occasion, plus redevables les commis de l’État, mais aussi ceux que nous avons choisis pour nous diriger.