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La courageuse, le récidiviste et les drogues

6 juillet 2016, 07:32

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La courageuse, le récidiviste et les drogues

Une courageuse tribune de Marie Danielle Selvon sur le cannabis, publiée dans l’express du vendredi 1er juillet (à lire sur lexpress.mu : http://lexp.mu/29sYvsb), et un esclandre du récidiviste Anil Gayan, le 29 juin, devant la commission d’enquête sur la drogue, nous invitent à relancer le débat autour des drogues qui circulent… librement

L’idée d’utiliser le cannabis à des fins économiques n’est pas nouvelle en soi. Quelques décennies de cela, un Mauricien avait même proposé au MSIRI de tester la culture du chanvre industriel pour bénéficier des multiples vertus (médicinales, alimentaires, cosmétiques, thermiques, manufacturières) de la plante. Les discussions avaient bien progressé. Mais elles se sont trouvées confrontées au même type de difficultés que celles des importateurs de graines pour oiseaux. Quand ce qui est licite devient-il drogue ?

Si, pour distinguer le chanvre de son semblable le gandia, la police doit fumer la plante, autant en rester là… Faute de pouvoir trier la bonne graine de l’ivraie, la recherche médicale sur le cannabis local reste aussi morte qu’un dodo. On l’avait déjà écrit en 2013 : en misant sur un audacieux pari par rapport à la culture du cannabis, et ce, en surfant sur une vague internationale, on pourrait, par exemple, créer de nouveaux emplois, attirer de nouveaux touristes et faire rentrer des devises dans les caisses de l’État comme dans celles du secteur privé.

Sur le plan de l’ordre et de la paix, on pourrait redéployer à des fins plus utiles des centaines de policiers qui ne peuvent pas vraiment contrôler un commerce illicite qui se fait, de toutes les façons, au nez et à la barbe de tous (NdlR : dans le cadre d’une enquête publiée dans l’express du samedi 27 juin 2015, intitulée Drogues de synthèse : en veux-tu en voilà, nos journalistes avaient facilement pu acheter quatre variétés de drogues synthétiques en seulement deux jours).

Autre économie : celle sur le coût de la répression. Une récente étude de Straconsult, commandée par PILS, conclut qu’en évitant les procès et les séjours en prison pour les délits liés au cannabis, l’État aurait sauvé 30 % de son Budget alloué au judiciaire, et 30 % de celui des prisons. De plus, la culture d’une plante naturelle réduirait matériellement l’invasion croissante de toutes ces substances chimiques et nocives (dont les dangereuses drogues de synthèse) sur le marché local, qui tue nos jeunes et qu’un myope de ministre ne veut pas voir !

Si nous n’avons pas les expertises requises, nous pouvons nous inspirer de ce qui se passe ailleurs, à condition de faire face à la triste réalité locale : la répression contre les drogues a empiré la situation à Maurice au lieu d’inverser la tendance... Ce qu’il faut, c’est, justement, un regard neuf. Et, peut-être, un ministre de la Santé nouveau…