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France 2016: De Rocard à Deschamps

10 juillet 2016, 08:45

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France 2016: De Rocard à Deschamps

 

La France a rendez-vous, ce soir, avec son destin. Elle retiendra sans doute son souffle jusqu’au coup du sifflet final. Même après, s’il y a prolongation, ou, on ne le souhaite surtout pas, si certains esprits criminels ne songent à allumer le feu du terrorisme, de la haine, au nom d’une idéologie biaisée (qu’elle soit ‘islamo-gauchisme’ ou autre), qui ne devrait plus avoir sa place aujourd’hui.

Sous le tricolore comme sous notre quadricolore, ou sous n’importe quel autre drapeau d’ailleurs, le football génère le beau et le moins beau. Lors de la finale de ce soir, n’en déplaise à ces Le Pen, il rassemblera tout un peuple, multicolore, hétéroclite, et ses DOM-TOM, le temps d’un match. Comme un seul homme, la France n’a désormais qu’un objectif : battre le Portugal et devenir championne d’Europe. Un rêve hier inaccessible et aujourd’hui à portée de main (de pied plutôt).

 

Sous le tricolore comme sous notre quadricolore, ou sous n’importe quel autre drapeau d’ailleurs, le football génère le beau et le moins beau. Lors de la finale de ce soir, n’en déplaise a ces Le Pen , il rassemblera tout un peuple, multicolore, hétéroclites, et ses dom-tom, le temps d’un match.

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/didier_deschamps.jpg" width="620" />
		<figcaption>Didier Deschamps</figcaption>
	</figure>
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Depuis la qualification chanceuse de la France face aux Allemands (qui ont clairement dominé le match qui s’est soldé par une victoire de 2-0 pour les hommes de Deschamps), la presse tend à encenser l’entraîneur hier honni. «On l’a fait, peu importe la manière, peu importe même le scénario du match, l’histoire sportive retiendra la qualification des Bleus face à cette Allemagne qui nous martyrisait en compétition officielle depuis 1958 (…) Il faut être un sacré meneur d’hommes pour avoir guidé jusqu’ici ce groupe contre vents et marées», écrit en Une, dans un édito, le Journal de l’île de la Réunion.

Sur la France, soufflait un parfum de scandale persistant ces derniers mois. Il y avait aussi la pression supplémentaire qui pèse toujours plus fort sur les épaules du pays hôte – souvenez-vous du Brésil il y a deux ans.

Mais les spécialistes français ont une autre théorie pour expliquer le succès des leurs : l’entraîneur Deschamps, qui pousse son équipe à viser plus loin, plus haut. Il l’avait fait en 1998 «lorsque le groupe champion du monde s’était forgé dans l’adversité. L’un des patrons du vestiaire s’appelait Didier Deschamps».

Joie, impatience, excitation, les Français vivent leur moment ce soir – comme récemment les Britanniques ont eu leur «Brexit moment». «C’est une belle histoire qui s’écrit mais on n’a pas la prétention ni le pouvoir de régler tous les problèmes des Français. Mais on a ce pouvoir de leur procurer des émotions et de leur faire oublier leurs soucis…» disait Deschamps hier matin sur les ondes. Les auditeurs lui ont dit bonne chance et lui ont rappelé qu’il ne fallait pas, malgré la sublime forme de Griezmann, sous-estimer le Portugal de Ronaldo… Verdict ce soir.

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Michel Rocard

En plein Euro, la France s’est arrêtée ces jours-ci pour saluer la mémoire d’un autre grand meneur d’hommes : Michel Rocard (1930-2016). C’est un gagnant et un perdant. Écrase par le poids d’un François Mitterrand qui aimait exercer le pouvoir, Rocard n’a jamais pu se faire élire à l’Elysée. Certes, il a été au sein de l’État (ministre du Plan, puis ministre de l’Agriculture, et enfin Premier ministre), mais il a toujours échoué pour ce qui est de ses accessions vers l’étape ultime. Les Rocardiens soulignent aujourd’hui que les Français ont adopté le Rocardisme sans élire Rocard. Il lui manquait cette part de volte-face de politicien, comme un Mitterrand, un Chirac ou un Sarkozy, voire un Hollande. Rocard était donc un président impossible. «Mais son bilan intellectuel est bien supérieur à son tableau de chasse électoral. Sur tant de dossiers, il a eu raison (…) Il a toujours dit la vérité aux Français, sans comprendre qu’il fallait aussi une part de rêve pour gagner les suffrages», écrit Christophe Barbier, qui dit aussi joliment qu’ «on a tous quelque chose en nous de Michel Rocard», dans le dernier l’express (de France), qui lui consacre sa Une et un volumineux dossier hommage, «C’était Rocard».

L’héritage politique de Rocard s’est aujourd’hui imposé à gauche (ses héritiers sont d’ailleurs Manuel Valls et Emmanuel Macron, deux rivaux épris du Rocardisme) : la réforme, la rigueur et la raison sont les trois «R» qui claquent comme l’initiale de Rocard. Comme pour reprendre cette phrase de Pierre Mendès France : «Toute politique n’est pas sale, toute action n’est pas vaine.»

Concrètement, on prête surtout à Rocard la consolidation de la relation intrinsèque entre l’État et la société civile. Selon ce grand politicien, «l’art de gouverner, c’est l’art de faire vivre ensemble des gens, des structures qui n’ont pas de prédispositions naturelles, et dont la logique instantanée est de toujours défendre leur autonomie, leur territoire, contre l’empiétement des autres…»

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Un autre grand qui est parti : l’écrivain Elie Wiesel, qui était, avec Primo Levi, l’une des voix les plus puissantes de l’Holocauste… Il a survécu aux camps de concentration pour témoigner de l’horreur. Celle de l’homme sur l’homme.