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Le pari d’Air Mauritius
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Le pari d’Air Mauritius
Après Maputo et Dar es-Salaam au mois de mai, la compagnie d’aviation nationale s’est posée, cette semaine, à Guangzhou, en Chine. La stratégie : installer dans la durée un couloir aérien entre l’Asie et l’Afrique, augmenter la desserte de la Chine et renforcer son réseau autour de hubs à travers des partenariats.
Air Mauritius n’a plus le choix. Jusqu’ici, elle s’est contentée de subir ou de profiter, comme cela a été le cas pour son exercice financier 2015/16, du coût du carburant et de la parité euro/dollar pour sa performance. Ces deux facteurs sont d’ailleurs à la base du renversement de la tendance, permettant au transporteur national de renouer avec la profitabilité au 31 mars 2016. Sur la période avril 2015 à mars 2016, le baril était de 40 dollars moins cher tandis que le taux euro-dollar avait connu une dépréciation de 17 sous. De quoi donner des ailes ! Mais pour grandir, il faut plus que des facteurs conjoncturels favorables.
La physionomie du marché a changé. Et cela, la direction d’Air Mauritius le sait plus que quiconque. La preuve avec les commentaires de la compagnie dans son dernier bilan financier: “An intensification of competition across its network is being witnessed by the Company as the result of further air access granted to new sixth freedom carriers, low cost and seasonal charter carriers. This is resulting to an oversupply of seat/cargo capacity in an already price sensitive market entailing further yield dilution.”
Ces inquiétudes prendront une nouvelle dimension avec l’arrivée prochaine d’Air Asia. Une nouvelle liaison qui, aux yeux des autorités, serait porteuse pour l’industrie touristique. Déjà, il est question de 50 000 touristes supplémentaires mais la démarche ne manque pas de tempérer les ardeurs au Paille-en-queue Court. Car à peine MK a-t-elle revu son offre sur la Malaisie en proposant un arrêt à Singapour – depuis mars, dans le sillage de l’accord avec l’aéroport de Changi – qu’elle se retrouve face à un concurrent de taille avec Air Asia. La concurrence portera non seulement sur les prix, mais aussi sur une connectivité sans escale sur la ligne Maurice-Kuala Lumpur.
Se réadapter demeure donc la solution. C’est, d’ailleurs, ce que préconise le patron d’Emirates, sir Tim Clarke, pour contrer la migration vers des sièges à bas prix. Dans un entretien au Financial Times, début juin, il mettait en avant la nécessité de baisser continuellement les coûts et de trouver de nouveaux pôles de croissance.
C’est le pari audacieux que tente de relever Air Mauritius avec le couloir aérien Asie-Afrique. Audacieux, dans la mesure où il faudra aller convaincre les éventuels partenaires, surtout africains, de la justesse du projet. D’autant plus, comme nous l’avions constaté lors d’une conversation avec un fonctionnaire mozambicain, qu’il y a du pain sur la planche en matière de sensibilisation. Certains ont tendance à penser que l’arrivée du transporteur national va les aider à régler leurs problèmes de connectivité sur le plan domestique.
Faut-il aussi se donner les moyens de ses ambitions et harmoniser les positions en matière de politique aérienne afin de ne pas alimenter la perception que les décisions sont prises de manière disparate et à différents niveaux.
La boucle sera bouclée lorsqu’Air Mauritius sera débarrassée définitivement de ce fléau qu’est devenue l’ingérence politique. C’est un mal qui ronge la ligne aérienne nationale depuis des années sans qu’aucune administration ne daigne y mettre fin, pour des raisons évidentes.
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