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En marche ?

1 septembre 2016, 07:11

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Intéressante fin de premier mandat pour François Hollande. Après avoir perdu l’aile gauche de son gouvernement socialiste, incarnée par Christiane Taubira, le président français perd cette fois-ci, avec la démission de son ministre de l’Économie, le courant libéral de son gouvernement – incarné par le jeune et fougueux Emmanuel Macron. Qui, du coup, devient un sérieux rival de Hollande lui-même (et de Sarkozy et de tant d’autres encore) pour la présidentielle de 2017. Et, de ce fait, complique davantage la donne tant à gauche qu’à droite de l’échiquier. Ce qui pourrait, dangereusement, faire le jeu du Front national… Mais revenons à Macron et aux jeunes impétueux de la politique.

Son nouveau parti, «En Marche», porte ses initiales. Emmanuel Macron, ancien banquier d’affaires de 38 ans, incarne peut-être le renouveau d’un système politique français. «Je souhaite construire un projet qui serve uniquement l’intérêt général. Il faut des transformations en profondeur de notre système politique, économique, social, qui demeure trop largement bloqué (…) le seul moment où les débats nécessaires pour décider de ces transformations sont les campagnes présidentielles», affirme Emmanuel Macron, qui n’a pas encore confirmé sa candidature pour la présidentielle. «Je suis déterminé à tout faire pour que nos valeurs, nos idées, notre action, puissent transformer la France dès l’année prochaine, bien avant les élections.»

Peu importe le pays où elle se produit, la démission de Macron reste un acte politique fort dans un monde qui tend aujourd’hui, dans une large mesure, au mieux, à ne plus se remettre en question et, au pire, à s’enliser, et qui voit encore trop d’Ali Bongo et de Kim Jong-Un qui abusent de leur pouvoir politique. Et qui ne prônent rien d’autre que le statu quo politique, dynastique.

Inconnu du grand public il y a deux ans, E. M. vient défier toute une génération de politiciens qui le traitent de «traître» par rapport au fait qu’il prend ses distances de Hollande, «celui-là même qui lui a mis le pied à l’étrier politique». Pour prouver sa bonne foi, Macron doit inventer le «macronisme», une pensée politique qui ne se situerait ni à gauche ni à droite, et pas au centre tel qu’il est défini aujourd’hui en France, ou ailleurs. Plus important : il s’agirait de convaincre l’électorat qu’il peut mettre cette stratégie en place, avec une équipe nouvelle et capable. Ce qui est, sur le terrain, souvent fait de démagogie, pas si facile…

Personnalité politique préférée des sympathisants de droite, ce, même s’il se revendique de gauche, Macron est rapidement devenu un phénomène politique : il fait souvent l’éloge de la réussite capitaliste et a horreur des 35 heures. Selon lui, la politique française, telle qu’elle est conçue et pratiquée, a atteint ses limites. Il faut donc repenser tout le système, dépasser ses clivages traditionnels (droite-gauche ou démocrate-républicain), et, partant, réécrire le contrat entre la société et ses politiciens.

Pour beaucoup d’observateurs, Macron, à cause de son inexpérience politique, se laisse griser par la bulle médiatique autour de lui. Ce qui n’est pas sans nous rappeler notre ministre des Services financiers et la bonne gouvernance, Roshi Bhadain. Ses nombreux détracteurs pensent que Macron «va apprendre que, dans ce vieux pays qui s’appelle la France, on ne peut pas être élu président de la République sans appareil politique fort, ni ressorts importants dans les territoires».

 

Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron, comme Roshi Bhadain chez nous (qui évoque lui aussi souvent sa démission du gouvernement Lepep), a fait un pari courageux, mais dangereux. Le retour de manivelle risque d’être terrible. À Maurice, la contre-attaque, par exemple, autour de Heritage City, ne s’est pas fait attendre. Alors que Bhadain saisit la police, d’autres mobilisent l’ICAC. La politique est encore plus intense qu’on ne peut l’imaginer, car les institutions et l’opinion sont souvent détournées à des fins bassement politiciennes…