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Bien Réfléchir

11 septembre 2016, 07:52

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Bien Réfléchir

Même l’homme le plus puissant de la planète Terre a ses limites. Barack Obama avait, en effet, fait une promesse électorale il y a presque  huit ans et, contrairement à d’autres, il était sincère et il se bat toujours pour essayer de faire respecter sa parole. Il avait ainsi promis de fermer la base de Guantanamo où il y avait encore, dans le sillage de 9/11 (tiens ! tiens !),  242 prisonniers en janvier 2009, quand il a pris ses fonctions pour la première fois. Ils sont toujours 61, plus de sept ans plus tard ! Le Congrès, dominé par les républicains qui ne collaborent pas, peut être blâmé en partie. Mais au bout du compte, fermer Guantanamo veut aussi dire transférer les prisonniers les plus dangereux qui restent, dont les cinq ayant planifié 9/11… ailleurs. Les républicains ne les veulent pas sur  le sol américain. Il reste alors les  799 autres bases américaines à l’étranger, dont Diego ? Vu comme cela, la fermeture de «Gitmo» paraît moins bien réfléchie qu’au départ…

L’homme le plus puissant sur le confetti géographique qu’est l’île Maurice a ses limites aussi. S’il peut «fou déor» certaines personnes comme Trilochun , Pohrun ou Dayal ou certaines clauses du Finance Bill ( «Tire ça !» ) ou défier la Grande-Bretagne et les ÉtatsUnis sur l’avenir des Chagos, il hésite cependant pour Lutchmeenaraidoo ou Choomka, realpolitik oblige, et se laisse même contredire par (et désormais, contredit…) son fils, notamment sur Heritage City. Il a réfléchi… ?

Être fortement motivé ne suffit donc pas. Faut-il encore transformer sa bonne motivation en plan cohérent, réaliste et, idéalement, sans conséquence néfaste et sans dérapage. Prenez les frais d’examens SC et HSC. Le gouvernement est bien motivé en souhaitant rendre gratuit ces frais, à la condition que l’élève ait 90 % de présence. Il a même pris la précaution de prévenir les parents dès l’an dernier! Cependant, ce gouvernement, qui croyait récolter des dividendes électoraux (vous connaissez l’adage savoureux: («Quand c’est gratuit,  c’est le bénéficiaire qui est la marchandise !»), se retrouve aujourd’hui devant une révolte pourtant bien prévisible pour deux raisons. D’abord, quand le gouvernement a commencé à modifier la période sur laquelle est comptabilisé le taux de présence, il a signalé sa «faiblesse» et créé inévitablement des situations jugées injustes et ensuite, le gouvernement est bien plus intéressé à garder les enfants à l’école, sans se remettre en question sur les raisons qui font, qu’au départ, ils boycottent l’école avant les examens. Quoi ? L’école ne répond même pas aux besoins de ses consommateurs? Résultat ? Grèves, sit-in, désordre, syndicalistes et politiciens à quelques semaines des examens. Prochain épisode ? Cela n’étonnerait personne qu’à la publication des résultats, les élèves (ou leurs parents) viennent réclamer des compensations pour leurs résultats jugés plus médiocres… qu’espéré, à cause des manifs du jour !

«On investit les yeux ouverts dans un scbg improbable ? Compensation ! Un hôtel se développe ? Compensation aux pêcheurs de boëte ! Les bœufs meurent ? Compensation ! La mer est mauvaise ? Compensation ! (…) N’y a-t-il pas mieux à faire que compenser ?»

Compensation ! Le mot est jeté ! Nos gouvernements ayant systématiquement encouragé cette mentalité au lieu d’inviter la population à grandir, à réfléchir et à assumer ses responsabilités et/ou de s’organiser pour être à couvert en cas de difficultés, notamment par le biais d’assurances ; de plus en plus de citoyens s’attendent à être compensés en situation de difficulté. On investit les yeux ouverts dans un SCBG improbable ? Compensation ! Un hôtel se développe ? Compensation aux pêcheurs de boëte ! Les bœufs meurent ? Compensation !  La mer est mauvaise ? Compensation !

Comment dès lors s’étonner que les bouchers réclament des compensations car ils ont moins de travail et que les victimes de Madame Bazerque, de Whitedot et de Sunkai s’esquintent à demander pourquoi pas eux. N’y a-t-il pas mieux à faire que compenser ? En réfléchissant à d’autres solutions? Pour exemple : élevage de boëtes, en zone protégée, devant les hôtels? Remplacement de troupeaux  morts par des troupeaux dûment vaccinés?

L’épizootie de fièvre aphteuse se joue comme un drame national. Il est péniblement évident que les autorités publiques ont raté le coche quelque part. Les protocoles à l’importation ont-ils été respectés ? Quand il y a eu les premiers signes de la maladie à Rodrigues, a-t-on réagi assez vigoureusement ? Qui a permis des envois de bétail de Rodrigues à Maurice ? A-t-on été assez discipliné pour protéger les stocks de Socovia ? Et tout ce drame de se passer à la veille du Qurbani, ce qui charge toute l’équation d’une émotivité qui est souvent mauvaise conseillère. Les imams et les croyants qui ont envisagé de faire faire le Qurbani à l’étranger sont rationnels. Ils doivent être félicités. Ils ont réfléchi aux conséquences désastreuses sur le pays si l’on insiste pour un  Qurbani local.

Reste Me Trilochun qui est de retour, après une période de réflexion et qui, dans ses premières déclarations à la presse, laisse savoir que l’agression du président de l’ICTA a été «mal rapportée» et que ce sujet fera l’objet d’une conférence de presse subséquente. Par contre, dit-il, les questions qu’il faut poser pour le moment et immédiatement sont : pourquoi ledit président ne peut ouvrir sa boîte email, a-t-il été acheter des tables d’écoute téléphonique en Inde, pourquoi 41 serveurs de l’ICTA ontils été saisis par le CCID et comment un autre avocat a-t-il fait pour toucher Rs 110 millions sur le même dossier alors qu’il n’en a, lui-même, touché… que 19? Et d’ajouter chez un confrère,  qu’une allégation n’est pas une preuve et de demander, candidement, si c’est suffisant pour arrêter X qu’il allègue, par exemple, que X lui a demandé une commission «ladan».

Pas à dire : il a donc réfléchi et pense avoir trouvé une issue dans l’équilibre de la terreur…

Et puis, vendredi, on apprenait qu’après avoir bien, bien, bien réfléchi, le Conseil des ministres de notre beau pays, qui avait voté contre Heritage City, le 5 août «in their own deliberate judgement» , l’avait, à nouveau, remis sur les rails !

Quand tire-t-on la chasse ?