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Something is rotten in Dodoland

2 novembre 2016, 09:52

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Plus aucun doute. Le gouvernement de l’alliance Lepep est bien parti pour battre tous les records en matière de mal gouvernance. Cela en dépit de la création en fanfare d’un ministère pour promouvoir les préceptes de la bonne gouvernance.

Avec une cote de popularité qui fond comme neige au soleil, la coalition gouvernementale n’a plus rien à envier à celle qui l’a précédée aux affaires. Il suffit de coucher sur papier toutes les gabegies accumulées en moins de deux ans pour s’en rendre compte. Un tel ouvrage pourrait même susciter l’intérêt des étudiants en sciences politiques ou en management.

Déjà en décembre 2014, à l’issue des élections générales, des organismes internationaux avaient observé dans le comportement de la majorité une certaine propension à l’interventionnisme. Mais, dans l’euphorie, personne n’y a prêté attention, préférant surtout y voir une volonté de tenir les engagements pris durant la campagne électorale.

Avec du recul, l’on se rend malheureusement compte que le gouvernement Lepep n’est point inoculé contre les virus qui avaient infecté le régime de Navin Ramgoolam. Au point de le terrasser.

Le récent limogeage du CEO d’Air Mauritius, Megh Pillay, par un conseil d’administration squelettique – sur les quinze membres du board seuls sept étaient présents à la réunion spéciale pour décider du renvoi avec effet immédiat – est la preuve que l’administration Lepep et celle de l’ancien gouvernement travailliste partagent le même ADN.

Evidemment, aucune explication officielle n’a été donnée pour justifier la mise à pied quasi manu militari du patron du transporteur national. Ceux qui insistent pour en connaître les raisons devront repasser. Un communiqué sur le site de la Bourse de Maurice indique tout simplement que le conseil de direction a mis un terme au contrat du CEO. Point à la ligne.

Les actionnaires, eux, n’ont pas tardé à réagir. Alors que les nuages d’incertitudes s’amoncellent à nouveau au-dessus du Paille-en-Queue Court, ils ont été nombreux à liquider l’action Air Mauritius lors de la première séance boursière post-Megh Pillay. Résultat : le titre MK a piqué du nez, cédant 8,5% en une seule journée. Un désengagement qui a vu l’effacement de Rs 123 millions de la capitalisation boursière de la compagnie.

Qui s’en soucie, après tout ? Même le chef du gouvernement, sir Anerood Jugnauth, n’est, semble-t-il, «pas au courant» des événements qui ont conduit à l’éviction du CEO d’Air Mauritius du cockpit.

Ce qui se passe actuellement à Maurice est symptomatique d’une guerre de clans. Cela témoigne du déplacement de la plaque tectonique du pouvoir du bâtiment du Trésor (bureau du Premier ministre) vers le Sun Trust, quartier général du MSM, dont le leader n’est autre que Pravind Jugnauth.

Au vu du positionnement des uns et des autres sur l’échiquier gouvernemental, il y a fort à parier que cette instabilité va devenir chronique. Les opérateurs s’en sont déjà rendu compte. Ils ont le moral dans les chaussettes. Après trois trimestres successifs de hausse, l’indicateur du climat des affaires est à nouveau en berne. L’indice publié par la Chambre de commerce et d’industrie a perdu 5,1 % durant la période juillet à septembre. Il est désormais à 93 %.

Comment pourrait-il en être autrement quand la Banque mondiale constate également que le climat des affaires s’est détérioré dans l’île ? Maurice a, en effet, perdu 17 places – passant du 32e rang au 49e – dans le dernier classement du Ease of Doing Business de l’institution de Bretton Woods.