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Efficacité à déterminer
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Efficacité à déterminer
Les yeux sont rivés sur la Banque de Maurice cette semaine. Pour cause, le comité de politique monétaire (CPM) se réunit ce jeudi pour décider du taux directeur. Deux choix s’offrent aux membres du CPM dans une conjoncture marquée par un taux d’inflation plafonnant sous la barre de 1 % : garder le cap de l’assouplissement ou le statu quo.
En poursuivant sur la voie de la détente monétaire, la Banque de Maurice charcutera pour la troisième fois le taux directeur. Le taux Repo a été abaissé pour la première fois sous la nouvelle administration le 9 novembre 2015. Cette baisse de 25 points de base a été suivie en juillet dernier, soit quelques jours précédant la présentation du Budget 2016-17 par Pravind Jugnauth, d’une seconde réduction de 40 points de base. Ce faisant, la Banque de Maurice ou du moins ceux qui composent le comité de politique monétaire ont porté le taux de référence à son niveau le plus bas, c’est- à-dire à 4 %, depuis décembre 2010.
Alors que la confiance s’étiole dans le monde des affaires, la Chambre de Commerce et d’Industrie réclame cette fois une nouvelle baisse de 100 points de base. Son argumentaire repose sur le fait que le pays est confronté à des écarts de production négatifs persistants et à une inflation très éloignée de son niveau d’équilibre. Ce qui justifie, de son point de vue, une politique monétaire très expansive.
Avant d’y avoir recours, si cette option est envisagée, la Banque centrale devrait également songer à analyser l’impact réel de l’outil monétaire sur la croissance ou encore l’investissement. Ailleurs, il n’a pas eu l’effet escompté. D’où les recommandations des institutions internationales aux dirigeants politiques, les incitant «à recourir davantage aux dépenses publiques, et non seulement aux assouplissements monétaires, pour relancer l’économie».
L’efficacité du levier monétaire était d’ailleurs à l’origine d’un débat houleux entre les anciens locataires de la BoM Tower et du ministère des Finances. Partisan de la lutte contre l’inflation, Rundheersing Bheenick avait des doutes quant à la contribution réelle de l’arme monétaire dans le cadre de la relance de la croissance. Tandis que du côté du Trésor public, sous l’ère de Xavier-Luc Duval, l’on était convaincu que la baisse de 250 points de base du taux directeur entre septembre 2008 et mars 2009 avait largement contribué à la résilience de notre économie. À un moment où l’économie globale avait glissé vers la récession.
Aucune étude n’a cependant été menée pour confirmer ou infirmer ces analyses. En revanche, tous s’accordent sur un point : le mécanisme de transmission monétaire est défectueux. Une mission du Fonds monétaire international, dirigée par Martin Petri, s’était même entretenue avec le comité de politique monétaire sur la question en 2014. Le gouverneur de la BoM, Ramesh Basant Roi, est sur la même longueur d’onde quant à cette défaillance. Il en a parlé après sa prise de fonction et a annoncé des changements à la présente structure.
En attendant, la problématique reste entière. La transmission à l’économie réelle n’est pas si évidente, comme le révèle le niveau d’investissement privé et la moyenne de la croissance, ces dernières années, en dépit des tentatives de relance à coups de détente monétaire. Entre 2011 et 2016, le taux directeur a été ramené de 5,4% à 4% mais la croissance est demeurée autour de 3,5% durant cette période.
Certains pourraient également arguer que sans ce desserrement monétaire, la situation aurait pu être pire. Pour être fixé, il est temps de déterminer son efficacité. À moins qu’on ne préfère continuer de naviguer à vue.
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