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Sarko-Exit
Encore un gros démenti aux sondages politiques. Cette fois-ci en France, lors des primaires de la droite et du centre. Contre toute attente, l’ancien Premier ministre François Fillon a devancé largement, hier, deux grosses pointures : le favori de la course, Alain Juppé, et, surtout, son ancien chef, Nicolas Sarkozy – qui, rappelons-nous, avait traité Fillon de «Mister Nobody» lors de la présidence 2007-2012, marquée par un affrontement en quasi-permanence entre les deux hommes. Redevenu «un Français parmi les Français», Sarkozy, hors-course, dit aujourd’hui soutenir Fillon contre Juppé, lors du deuxième tour, dimanche prochain.
Pratiquement tous les éditorialistes de la presse française sont unanimes. Ce véritable coup de théâtre met fin à la carrière politique de Sarkozy et vient tourner une page politique : la fin du sarkozysme appellera la fin du hollandisme. Sous le titre, «Fillon, la revanche du collaborateur», le journal Les Échos souligne qu’il «n’y a pas de plus grosse humiliation pour Sarkozy que d’être éliminé, dès le premier tour de la primaire, par la remontée éclair de son ancien Premier ministre et collaborateur (...) Fillon signant l’arrêt de mort politique de Sarkozy : ce boomerang de l’histoire, double surprise de la primaire, restera dans les annales.(...)»
Pourtant, un peu comme Hillary Clinton aux States, Sarkozy tombe d’assez haut – malgré une organisation millimétrée et bien rodée et un soutien de l’establishment. Ainsi donc l’affluence dans les meetings, la confiance lors des débats et interviews, la mobilisation sur le Web, les appuis des milieux financiers et médiatiques, et les queues devant les libraires pour les séances de signatures constituaient davantage «une illusion optique» (pour les camps Sarkozy et Juppé et pour les sondeurs et nombre de journalistes) qu’ils avaient valeur de sondages dans la vie réelle. Or, les résultats sont clairs et nets : Fillon : 44,2 % (1 786 951 voix); Juppé : 28,6 % (1 156 266 voix); et Sarkozy : 20,6 % (833 479 voix).
Au-delà des programmes, les quelque quatre millions de votants qui se sont exprimés ont surtout choisi leur personnalité préférée : un apaisé sur un excité, un modéré sur un radical. Fillon a pris grand soin de ne jamais tenir des propos extrémistes ou soutenus vis-à-vis de l’islam et de l’immigration. Vers la fin, Sarkozy a essayé, sans succès, d’adopter une rhétorique du même type que Trump, accumulant quelques phrases-chocs et se présentant comme le candidat de la «rupture». Mais contrairement au président élu des States, Sarkozy n’a pas pu/su incarner cette «rupture». A contrario, avec la défaite de Sarkozy, c’est l’ex-président qui est passé «à la guillotine», un peu comme la Secretary of State Clinton qui prônait la continuité après Obama.
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Quels sont les autres enseignements de cette primaire française? C’était clairement une démonstration de force de la droite et on voit que la dynamique y est davantage qu’à gauche. Le Figaro conclut : «l’après-Hollande a commencé (...) Le oui par millions aux candidats de la droite est d’abord et avant tout un non immense à François Hollande. Comme, il y a cinq ans, la primaire socialiste avait été dopée à l’antisarkozysme, la primaire de la droite a été portée par la volonté, et même l’impatience, de tourner la page Hollande. Compte tenu de la faiblesse du chef de l’État et de l’éparpillement de la gauche, la primaire de la droite a été regardée comme une occasion anticipée d’élire le prochain pré- sident de la République.»
De Macron à Mélenchon, la gauche ne peut que se déchirer davantage. Toutefois, à l’extrême-droite, l’on se frotte les mains. Selon quelques analystes, la perspective d’affronter Fillon semble réjouir Marine Le Pen, «devenue le bouclier du pauvre et de l’orphelin, la madone des services publics sacrifiés sur l’autel des déficits». Mais selon d’autres, comme Saïd Mahrane dans Le Point, l’hypothèse Fillon, ce «souverainiste-libéral», est synonyme de «très mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen». Elle aurait préféré avoir Alain Juppé, ce grand chantre du multiculturalisme, comme adversaire, alors que Fillon peut réinventer la droite et la rhétorique qui va avec. La différence entre Fillon et Le Pen réside dans les orientations économiques : d’influence thatchérienne pour Fillon (libéralisme et conservatisme), et plutôt étatiste pour Le Pen (nationaliste). La suite sera intéressante à suivre, même si le verbe de Sarkozy va cruellement manquer au débat français...
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