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La relance par la consommation divise
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La relance par la consommation divise
Tous s’accordent à dire que l’économie a besoin d’un coup de rein pour se remettre sur les rails d’une croissance durable. En revanche, les avis divergent sur les moyens à mettre en œuvre pour la replacer sur une pente ascendante.
C’est le sentiment qui se dégage dans le sillage de la dernière réunion du comité de politique monétaire. Car, même s’il a fait le choix de maintenir le taux directeur à 4 %, la Banque de Maurice ne considère pas pour autant que l’économie mauricienne soit au mieux de sa forme. La preuve : les analystes de l’institution bancaire ont corrigé à la baisse leurs prévisions initiales de croissance. Celles-ci passent de 3,6 % en juillet dernier à 3,5 % pour 2016. Comme la Chambre de Commerce et d’Industrie, la BoM estime également que l’économie opère actuellement en deçà de son potentiel.
Toutefois, malgré ce constat commun sur la performance économique, il n’y a pas de consensus sur les leviers à activer pour sortir l’économie de sa léthargie. D’un côté, la Chambre de Commerce et d’Industrie milite toujours pour une relance par la consommation. Ses dirigeants sont persuadés que le pouvoir public devrait booster la demande interne. Car un taux de consommation oscillant sous la barre de 3 %, soit à 2,6 % plus précisément, ne peut qu’avoir un impact négatif sur la croissance. D’autant plus qu’il était à environ 6 % avant que la crise globale n’atteigne nos côtes.
Pour la Chambre, il n’y a donc point de doute : seules des mesures fortes pour doper la consommation pourront «casser la spirale décroissante et ainsi créer un cercle vertueux». Se basant sur sa modélisation économétrique, le département de recherche de l’institution insiste : «Une hausse de 1 point de pourcentage de la consommation augmenterait le taux de croissance de 0,56 point de pourcentage».
Que pense la Banque de Maurice, garante de la stabilité des prix pour le bien commun, de cette proposition ? Nous avons posé la question à son gouverneur. Ramesh Basant Roi dit ne pas être partisan d’une relance par la consommation ; il estime que pour consommer, il faudra avant tout se donner les moyens de produire. Une posture très conservatrice qui, selon lui, se justifie par le fait que le modèle de dépendance de notre économie nous impose une certaine retenue. Cela afin de ne pas exacerber le déficit chronique de la balance commerciale. Maurice, faut-il le savoir, importe plus que ce qu’il n’exporte. En 2015, le pays a importé des produits pour une valeur de Rs 168 milliards contre des exportations totalisant Rs 94 milliards.
La Banque de Maurice est rejointe dans son analyse par l’équipe de MCB Focus. Dans sa dernière livraison, l’établissement bancaire soutient : «Given the relatively small size of the domestic economy, consumption cannot, per se, turn out to be the key strategic focus of the national economic agenda». Un pied de nez aux supporters de la relance par la consommation. En revanche, elle préconise que l’accent soit mis sur l’élargissement de la base de l’exportation et une plus grande diversification des marchés afin de renouer avec une plus forte croissance économique dans le long terme.
Ces commentaires ne devraient pas trouver le même écho au nouveau quartier général de la MCCI, à l’Anglo Mauritius House. Pour cause, les économistes de la Chambre disent avoir noté que «le poids de l’exportation dans la croissance économique est assez faible». Une hausse de l’export de 1 point de pourcentage augmenterait la croissance du PIB de 0,037 point de pourcentage, soit à un rythme inférieur comparé à la consommation.
Ce débat a le mérite de nous recentrer sur l’urgence du moment : faire repartir coûte que coûte l’activité.
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