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François Hollande en a assez !

3 décembre 2016, 07:43

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Le secret aura été tenu jusqu’au bout de la nuit. C’est un nouveau jour qui se lève sur les acteurs politiques en France. Situation inédite sous la Ve République : François Hollande a choisi de renoncer à briguer un second mandat présidentiel, prenant, ainsi, à contre-pied tous les observateurs politiques. Jamais un président de la République ne s’est éclipsé après un seul et unique mandat, surtout au profit de son Premier ministre, Manuel Valls, qui tarde cependant à confirmer sa candidature à la primaire de la gauche. Surtout, jamais aura-t-on vu, en moins de deux semaines, un président de la République française et son prédécesseur (Nicolas Sarkozy) prendre la porte de sortie sous la pression populaire, – l’un aux urnes (de la primaire de droite) et l’autre (sous le poids des sondages de popularité). La presse française rappelle que «ce sera la première fois, depuis 1974 et la mort de Pompidou, qu’aucun candidat à la prochaine présidentielle n’aura déjà exercé la fonction suprême de l’État».

C’est dire le poids politique et historique de cette annonce, faite d’une voix blanche, devant les téléspectateurs : «J’ai décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République.» Comme Sarkozy, Hollande va davantage suivre la politique française avec une passion – puisque les deux sont des bêtes politiques, à n’en point douter ! – davantage «privée que publique». Soulignons le besoin des deux de mettre en garde contre la remontée des politiques extrêmes et le danger de se replier sur soi (suivant les vagues successives du Brexit et de Trump).

Maintenant comment peut-on interpréter ce renoncement «hollandais» ? À gauche, en France, on salue surtout le ton «digne» et «la grandeur de l’homme d’État», alors que la droite et l’extrême droite parlent de «capitulation» et d’«échec». Pour le journal Le Monde, c’est surtout et avant tout «l’aveu d’un triple échec : personnel d’abord, économique et social ensuite, politique enfin».

Justifiant son bilan, jeudi soir, Hollande, tout en positivant, a admis des «retards» ou «certaines erreurs». Tout le monde s’accorde à dire qu’il a mis la barre de l’emploi trop haute : la fameuse courbe du chômage – sur laquelle il avait misé – a surtout produit plus de 550 000 chômeurs depuis mai 2012, au lieu d’être inversée.

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Il est intéressant de tirer d’autres leçons du sort ou de la sortie de Hollande. Par exemple, en termes de mandat, il fait l’exact opposé de ceux qui s’accrochent au pouvoir – la plupart pour leur intérêt personnel au lieu de voir l’intérêt général.

En Gambie, le président Yahya Jammeh a tout fait pour rempiler pour un cinquième mandat après 22 ans au pouvoir ! Heureusement, pour la démocratie, qu’il a été battu face au candidat de l’opposition unie, Adama Barrow, 51 ans.

Mais cette notion de limite au mandat est diversement interprétée en Afrique. Où plusieurs chefs d’États ont trituré la Constitution pour rester au pouvoir et perpétuer leurs dynasties. Alors que plusieurs penseurs de l’Ouest condamnent le cumul de mandats dans les pays du Sud, ils poussent, d’autre part, pour un quatrième mandat d’Angela Merkel en Allemagne. En 11 ans de pouvoir, Merkel, 62 ans, s’est imposée comme la gardienne de l’Europe face aux dérives extrémistes.

C’est un débat de fond intéressant, en effet : pourquoi c’est bon pour l’Allemagne et moins bon en Afrique ? On y reviendra, à la lumière de notre propre expérience avec les dynasties bien mauriciennes...