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Quel «pacte républicain» ?
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Quel «pacte républicain» ?
Deux ans après la déroute de l’alliance «imbattable» PTr-MMM, Pravind Jugnauth, ou plutôt son accession imminente au poste de PM (sans passer par les urnes), pourrait provoquer un (autre) rapprochement entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam. Les deux leaders, qui ne se parlent presque plus depuis le rejet de la coalition rouge-mauve par l’électorat (et, partant, de leur projet de 2e République), et qui ne sont pas tout à fait d’accord sur les raisons de leur défaite électorale, se rejoignent sur le passage du flambeau premier ministériel entre SAJ et son fils : c’est peut-être constitutionnel ou légal mais ce n’est certainement pas moral, puisque l’électorat n’a pas donné son assentiment, contrairement au passage de témoin, en 2003, entre SAJ et Bérenger.
Dans ses meetings, où les foules grossissent à mesure que les charges provisoires contre lui sont rayées en cour, Ramgoolam n’hésite pas à brandir la menace qu’il va réunir une foule pour barrer la route au leader du MSM. Bérenger, qui sillonne le pays également, plaide, lui, pour une opposition unifiée – afin de faire pression contre ce deal «papa-piti». Les deux disent, plus ou moins, la même chose. Et peuvent, donc, justifier le fait d’être (re)devenus des alliés objectifs… contre la dynastie Soleil.
Poussant l’idée un peu plus loin, le leader travailliste a expliqué, hier, à l’express, que les partis de l’opposition devraient plutôt se regrouper autour d’un «pacte républicain», inspiré du modèle français. Hier soir, les bureaux politiques du PTr et du MMM en ont discuté séparément. Et dans les jours à venir, l’on devrait voir plus clair dans les stratégies des uns et des autres pour reprendre, conserver ou partager le pouvoir.
Les questions qui taraudent ces jours-ci sont : quand aura lieu le passage du témoin entre les Jugnauth ? Comment vont réagir les oppositions éparpillées et vont-elles parler d’une seule et même voix ? Est-ce que Ramgoolam est redevenu fréquentable maintenant que la justice n’a presque plus rien contre lui ? Un tel pacte pour s’opposer au deal «papa-piti» peut-il espérer se transformer en pacte électoral, voire gouvernemental ? Est-ce précisément en raison de cela que SAJ semble vouloir garder encore un peu le pouvoir, au moins jusqu’à mars prochain, le temps de poser la première pierre du Metro Express ?
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Souvent utilisé, le terme «pacte républicain» n’a pas de définition claire et précise. Il s’adapte aux contextes et pays. En France, il recouvre un ensemble d’idées et de principes qui fondent la République française («liberté, égalité, fraternité»). Sur le plan purement politique, «pacte républicain» signifie une collaboration entre droite et gauche pour sortir le pays d’une situation de crise.
À la racine, «res publica» veut dire «chose publique». Soit l’opposé de «chose privée» et, par extension, «intérêt privé» – ici celui des Jugnauth par rapport au fauteuil suprême du gouvernement. En attendant de connaître les contours du «pacte» que propose Ramgoolam et sur lequel Bérenger aura immanquablement un avis… Est-ce suffisant pour justifier un remake PTr-MMM ?
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Italie. Une coalition hétéroclite, associant les derniers berlusconiens, la vieille gauche, des nihilistes, la jeune droite vient de terrasser le gouvernement de Matteo Renzi. Pourtant, il y avait là un rare effort européen pour sortir du conservatisme institutionnel, économique et social. Renzi ambitionnait de sortir la démocratie italienne d’un système ruineux de partitocratie – maintenu par deux chambres quasi identiques qui rendent difficile le passage des lois et quasiment impossible l’alternance depuis des décennies.
Cette réforme était au départ populaire. Mais, au final, le conservatisme et le statu quo l’ont emporté à presque 60 %. En raison d’un pacte contre Renzi et son projet de réforme. Dans sa déclaration avant sa démission comme PM, Renzi souligne : «Nous sommes différents des populistes et des éléphants de la première République. Quand on perd en politique, on assume, on prend acte qu’une proposition est rejetée par le peuple et on démissionne.»
La période post-Renzi s’annonce incertaine pour l’Italie et pour l’Europe, même si la nette défaite de l’extrême droite en Autriche par une large coalition est un signe d’espoir que tout n’est pas encore perdu pour Bruxelles…
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