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Démission et sondage :  CE QUE CE N’EST PAS !

25 décembre 2016, 09:00

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La Noël était, jusqu’à il n’y a pas longtemps, la fête anniversaire de la naissance de Jésus-Christ à Bethléem.

Tout comme la fête de Noël a été, par le commerce et le consumérisme à tout vent, largement détournée de son lit originel, on doit constater, de même, que la démocratie dont les fondements sont grecs et dont les prémisses s’articulent autour des mots «démos» (peuple) et «kratos» (pouvoir) est aujourd’hui bien trop souvent souillée par la tentation dynastique, l’avidité obsessionnelle du pouvoir et la poursuite maniaque des avantages qui en découlent. On en aura sans doute un autre échantillon de plus bientôt grâce au chancre des transfuges !

 La maladie n’est pas seulement mauricienne, mais il est clair que bien trop de démocraties sont à court de démocrates, que trop d’entre elles ne se soucient de démocratie qu’au pis-aller, à cause de l’obligation du vote qui ponctue la vie chaque cinq ans et que la tentation du pouvoir est telle, cela empire d’ailleurs depuis peu, qu’elle ne force plus ceux qui sollicitent un vote à ne pas mentir, à être sincères, à tenir leurs promesses électorales…

 

C’est dans ce contexte que l’on doit analyser le retrait du PMSD de l’alliance Lepep cette semaine. Dans l’ère post-Truth des démocraties mercantilisées, il faut reconnaître que cela va lui en coûter sérieusement de sortir d’un gouvernement qui a, pour un temps béni seulement, accès aux leviers du pouvoir et… aux mangeoires! Quand le PMSD sort, une comptabilité «brutale» doit reconnaître  4 salaires de ministre en moins, 2 salaires de PPS, 1 de Deputy Speaker, les prébendes d’ambassadeurs, celles des chairmen de corps parapublics, etc… qui, cumulativement, représentent un bien beau magot pour la basse-cour bleue. Ajoutez-y les emmerdes qui pourraient désormais surgir pour l’ancien PPS Thierry Henry après son accident mortel, et pour Duval lui-même ayant, par exemple, défendu la solidité de la BAI, en son temps, comme ministre des Finances de Ramgoolam ! Conférence de presse ou pas, on ne connaîtra sans doute jamais tout à fait la globalité de l’équation qui mène au retrait des bleus du gouvernement, mais au moins sur le plan de ce qu’ils y perdent, c’est clair et cela relève du courage.

Mais qu’est ce qui mène à ce courage? On aimerait être persuadé qu’il s’agit exclusivement du sursaut positif d’un parti profondément démocrate, mais on serait un peu naïf d’oublier que ce même parti n’a pas bronché, par exemple, quand on tentait d’arrêter le DPP sous Jugnauth ou que l’on boycottait l’express, avec intention de mort, sous Ramgoolam. On peut concéder que la responsabilité collégiale fait souvent taire, mais ce principe ne doit pas être prétexte à tout. La vie est une question permanente de choix. Et quand il faut choisir entre le principe de la responsabilité collective et ceux de la démocratie, des choix ont bien été faits par les bleus. Quand on n’a «rien de commun» avec le parti, ‘peu civilisé’ et vivant dans l’insécurité permanente, avec lequel on est associé, comment fait-on pour (et pourquoi peut-on) tout endurer, tout avaler, y compris les petites humiliations répétées? Dur, dur pour un parti qui se sent le vent en poupe, alimenté en cela par son mantra «rézilta lor rézilta» et qui, pour paraphraser Jacques Brel, «se voit déjà» ? Mieux, si l’on est un pilier et/ou un sauveur de la démocratie, comment pratique-t-on soi-même, largement, la dynastie comme modèle méritocratique ? 

Le PMSD aimera, sans doute, se présenter comme le «sauveur de la démocratie». À n’en point douter, le sauvetage de la démocratie est bien un des ingrédients importants de la soupe qui mène à la purge, mais le PMSD n’était pas heureux bien avant l’épisode Megh Pillay, même si c’est seulement là qu’on les a entendus de manière bien audible. Il faut aussi comprendre que le PMSD voit et vit la lente déchéance de Lepep de l’intérieur depuis deux ans, sent (du moins jusqu’au sondage l’express-synthèses) une petite vague porteuse pour d’autres possibles alliances, et a subi la pression montante, (néanmoins démocratique !) de son périmètre d’influence immédiat, constitué, entre autres, d’hommes d’affaires et d’hommes de loi. Le cynisme n’est jamais très loin en politique. C’est la combinaison de tous ses facteurs et sûrement d’autres, qui mènent à une décision. Un point d’inflexion est, croit XLD, atteint avec le Prosecution Bill, présenté en quatrième vitesse, avec effet rétroactif à la carte et auquel l’on refuse la discussion contradictoire propre aux démocraties saines, même s’il préside, lui-même, le comité qui en pond l’œuf et il prend alors ses chances froidement. Ainsi, il n’est pas délibérément le sauveur de la démocratie. Son retrait du gouvernement l’arrange et arrange aussi beaucoup de monde se sentant pris de travers par le Prosecution Bill.

Tant mieux pour eux tous !

Tant mieux pour nous puisqu’il n’y a plus le capiteux du 3/4 entre les mains fébriles et moites de ceux qui veulent asseoir leur volonté avant tout !

* * *

Un sondage d’opinion mené par synthèses a été partiellement publié par l’express le mercredi 21 décembre. Il suggère, qu’entre le 26/11 et le 14/12, il y avait dans l’électorat 37 % d’indécis, 24,4 % au MSM, 14,9% au PTr, 8,9 % au MMM et 5,10 % au PMSD.

 

Il y a beaucoup de méprise concernant les sondages, mais, quand bien fait (quand l’échantillonnage est solide et qu’il n’y a pas de biais évident), il reste un moyen solide et fiable pour générer une photo réaliste de ce que pense l’opinion publique à un moment donné, avec un certain degré de certitude.

À l’évidence, l’opinion publique politique évolue plus vite que son opinion sur la qualité des liquides vaisselle. Sinon, il n’y aurait aucune chance de jamais changer de gouvernement ! Ce sondage balaie ainsi une période de 19 jours avant le vote PoTA, la présentation de la Prosecution Commission et la démission du PMSD. Ces événements ont ainsi peut-être un peu, déjà, changé la donne. Or, un sondage vient toujours avant et un vote suit… Un sondage d’opinion ne peut PAS, par définition, prédire !

 Mais il faut surtout rappeler un autre fait à ceux qui n’ont aucune idée des fondements statistiques solides des sondages d’opinion, surtout quand ils s’appuient sur le fait que les sondages n’ont pas su prédire ni le vote Brexit ni le vote Trump comme la preuve même qu’ils ne sont pas crédibles et/ou fiables…

IL s’agit de l’importance des indécis. En fait, on doit dire qu’une élection est souvent décidée… par les indécis ! Les sondages Brexit étaient effectivement précis, à l’intérieur de leur marge d’erreur. Les indécis se sont, par contre, partagés 55 : 45, en faveur du Brexit, le jour du vote ! Cela a suffi et aucun sondage ne peut prédire cela. Aux États-Unis, c’est encore plus compliqué puisque c’est principalement dans les «swing states» (Floride, Michigan, etc.) que les indécis ont été vers Trump par diverses faibles marges au-dessus du 50 : 50 d’équilibre. Et il ne faut pas oublier que ceux qui disent pour qui ils vont voter dans un sondage ne le font peut-être pas en fin de compte… Ainsi, il suffit que plus de pro-Trump qui se déclarent dans un sondage se déplacent pour voter que de pro-Clinton, le jour des élections, pour que le résultat soit différent. C’est le fameux taux de «mobilisation» des électeurs a priori favorables, qui est un des soucis principaux un jour d’élection.

Or, le sondage publié donne les indécis comme les plus nombreux, a presque deux électeurs sur cinq ! Et PERSONNE ne peut demander à un sondage de prédire comment ils se décideront un jour de vote. Il se pourrait même que ce jour-là, un «partisan» déclaré «ferme» préfère aller courtiser chez sa belle… plutôt que de voter ! 

 Là où nous en sommes arrivés, qui pourrait bien le lui reprocher ?

 Sûrement pas moi !

 Il pourrait d’ailleurs, ainsi, mieux y trouver son compte que de pourchasser les chimères des politiciens fréquemment sub-démocrates et post-Truth, que nous subissons tous journellement.