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Le pari économique

6 janvier 2017, 07:10

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Si, en politique, tous les coups et permutations s(er)ont permis en ce début d’année, en revanche, sur le plan économique, il n’y a pas 10 000 recettes pour changer la donne : il nous faut obligatoirement stimuler l’investissement afin de faire repartir l’activité économique. Les deux dernières années ont été décevantes. Le focus n’était pas sur l’économie, car les politiciens du gouvernement faisaient leur grotesque show.

Optimiste et misant sur le projet Metro Express et autres développements/ constructions infrastructurels, l’on atteindrait un taux de croissance de 4 % en 2017. C’est mieux que de rester dans les 3 %-3,5 %, comme cela a été le cas durant la dernière décennie.

Certes l’investissement se porte mieux – on annonce, au BOI, un FDI dépassant les Rs 14 milliards pour 2016 ! Selon les chiffres disponibles, si l’on se base sur les trois premiers trimestres de l’an dernier, on avait atteint Rs 10,6 milliards, contre Rs 7,2 milliards pour la même période en 2015. Progrès, oui, mais encore faibles. D’autant que plus de 60 % de ces investissements directs étrangers vont vers l’immobilier (IRS, RES), un secteur dit non productif, qui ne génère que peu ou pas d’emplois durables.

Il ne faut pas se voiler la face non plus devant cette embellie : si on veut réaliser le «2e miracle économique» tant promis et devenir un pays à revenu élevé, il nous faut une croissance dans les 5 %-6 % au moins (mais pas que !). Ce qui ne risque pas d’arriver avec un climat politique incertain, tant sur le plan local (trois ministres des Finances en deux ans de Lepep, un gouvernement amoindri et fragilisé avec le départ du PMSD, une transition prévue au PMO) qu’international (Brexit, Trump, hausse du dollar, baisse de l’euro, abolition des quotas sucriers en octobre 2017).

 

Si la Vision 2030 (présentée par SAJ en août 2015) avait, plus ou moins, galvanisé le secteur privé, les relations entre ce dernier et le GM ont toujours été en dents de scie, particulièrement durant cette présente législature. Elles avaient été refroidies par les prédictions surréalistes de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Dans une conjoncture qui restera morose et pétrie d’incertitudes politiques (en attendant que le privé soit rassuré), le gouvernement devra privilégier un investissement public conséquent – quitte à être moins rigide, pour le moment, sur le plan du déficit budgétaire, ou dans son combat de ramener la dette publique de 62,8 % au taux plus raisonnable de 50 % de notre produit intérieur brut (objectif visé d’ici 2018). Outre la décongestion routière (qui viendrait avec le Metro Express et le Road Decongestion Programme), le GM devrait travailler sur la connexion Internet (à 10 Mbps) pour les foyers et (au moins 100 Mbps) pour les business, la fourniture d’eau, un «smart grid» pour l’électricité, un port plus ambitieux et, surtout, plus efficient, et un aéroport encore plus ouvert aux transporteurs étrangers (après l’expérience plus ou moins réussie de Turkish Airlines, Air Asia, etc.).

Ce qu’il nous faut réellement, c’est en fait un nouveau modèle économique pour faire face au monde qui a changé. Ce modèle devrait inévitablement redresser nos problèmes de faible productivité et, partant, ceux de la compétitivité de nos exportations – qui piétinent et ne peuvent assurer nos appétits d’importateurs si jamais les étrangers cessent de nous soutenir – et nous permettre ainsi de vivre au-dessus de nos moyens. Cette productivité améliorée sera aussi vitale pour améliorer des salaires de manière solide et, si bien orchestrée, permettra de réduire l’écart grandissant entre les riches et les pauvres de manière fiable. Cette productivité améliorée sera aussi en même temps un stimulant fort pour l’investissement privé ! Pour cela, il faut une mobilisation et une inventivité à tous les niveaux, du policymaker à l’entrepreneur. Et il faut arrêter de se battre en interne, entre partis politiques ou clans dynastiques.

Pour nous, le vrai test de Pravind Jugnauth est de quitter son rôle de Prime Minister in Waiting pour endosser pleinement le rôle de Grand argentier, soit celui du catalyseur du développement économique. S’il réussit à s’attaquer à nos problèmes économiques de base, les résultats seront probants d’ici deux ans. Et il aura moins de mal à convaincre en 2019.