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Analyse : Quelles options pour le MMM ?

7 janvier 2017, 10:24

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Contrairement à tous les autres partis politiques, le MMM dispose de plusieurs options dans le contexte du positionnement des forces politiques en attendant les élections générales de 2019. Le MMM pourrait choisir de collaborer ponctuellement avec le Parti travailliste et le PMSD au niveau du Parlement ou même sur le terrain dépendant des sujets demandant des actions communes. On doit toutefois écarter une option d’alliance électorale formelle entre ces trois partis. Le MMM n’est pas tout à fait confortable avec le PTr de Navin Ramgoolam. Quant au PMSD, le MMM a tout à gagner en voyant ce parti réduit à ses justes proportions après une décennie d’image-building savamment orchestré par Xavier-Luc Duval, ce qui le place à la tête du classement de popularité des hommes politiques mauriciens.

Une option d’alliance rouge-mauve-bleu serait très compliquée à faire fonctionner dans la pratique. On voit difficilement Duval tenant sur la même plate-forme que Bérenger lors d’un meeting public et terminant son discours pour passer la parole à «camarade Paul». Aussi, la formule de partage de pouvoir est difficilement concevable car le MMM aura à accepter un mandat premier ministériel initial de Navin Ramgoolam suivi de Paul Bérenger, et où placer Duval dans cette combinaison ? Deux ans et demi pour le PM Ramgoolam, un an et demi pour Paul Bérenger et un an pour Duval ? À moins d’être soudainement très sophistiqués sur le plan politique, les Mauriciens ne soutiendront pas une telle formule hétéroclite.

L’option électorale idéale pour le MMM serait une lutte à trois entre ce parti, le MSM et le Labour allié au PMSD. Certains estiment que le niveau d’hostilités personnelles démontré par le MSM à l’égard du leader des rouges élimine à jamais toute possibilité de collaboration entre Navin Ramgoolam et les Jugnauth. L’élection partielle au n°8 en 2009 et les élections générales de 2010 ont démontré qu’une alliance entre ces deux familles politiques est électoralement imbattable. La seule formule qui pourrait réunir les deux camps, c’est que l’un ou l’autre accepte le rôle de junior partner, comme le MSM l’avait fait en 2009 et les rouges en 1983 et 1987. Mais compte tenu des événements qui se sont produits avec les différentes arrestations de Navin Ramgoolam et les fouilles chez lui, on pourrait écarter toute possibilité de cessation des hostilités entre les deux camps. Ce qui réconforte le MMM.

Une lutte à trois comme souhaitée par le MMM se produira-t-elle ? Pas forcément. Car face à une menace de prise de pouvoir par le MMM, les réactions que cela pourrait provoquer sont imaginables. On pourrait bien anticiper la réaction des bases respectives tant du MSM que du Parti travailliste, les prises de position des organisations «socioculturelles» ou encore les conseils d’un pays ami qui nourrit ses liens d’amitié avec les deux camps. Comme en 1983, les uns et les autres vont avaler leur orgueil et se mobiliser face à ce danger commun. Ça, c’est un scénario qui ne devrait nullement réconforter le MMM.

Ce qui nous amène à l’option la plus payante pour le MMM, c’est-à-dire un partage du pouvoir avec le MSM. L’histoire nous prouve que le MMM s’est retrouvé au pouvoir que pour deux ans avec les travaillistes. Par contre, le MMM a passé pas moins de huit ans avec le MSM à l’hôtel du gouvernement. Trois ans de 1990 à 1995. Et un mandat complet de cinq ans, de 2000 à 2005. Ce fut un partage sans problème, chacun ayant intérêt à ne pas ruer dans les brancards.

Quid des insultes (ti-krétin, etc.) ? Le MMM a passé l’éponge à chaque fois qu’une alliance a été négociée. Moralité pa ranpli vant, démon, Sun Trust et, en 2014, même MedPoint ont été évacués. Le slogan «réunification de la grande famille militante» pourrait servir de karcher pour tout nettoyer.

On pourrait, dans le contexte des élections 2019, trouver une formule de partage du pouvoir premier ministériel entre Pravind Jugnauth et Paul Bérenger. Pourquoi attendre 2019 ? En 1990, le MMM n’avait pas attendu les élections générales pour se joindre au gouvernement. Le présent régime dispose de trois années de mandat devant lui. Comme en 1990, le MMM pourrait convaincre le MSM à faire légitimer la nouvelle alliance par des élections générales anticipées. Ce qui pourrait voir l’élimination de bien d’indésirables actuels. Et pousser l’échéance à 2022.

Une fois qu’on comprend ce qui est réalisable et souhaitable pour le MMM et ce qui ne l’est pas, il ne serait pas difficile de voir venir des événements qui pourraient paraître surprenants à première vue mais qui cadrent bien avec les moeurs politiques de la nation.