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Les limites du libéralisme

18 janvier 2017, 14:59

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La crise financière mondiale 2007-08, le vote du Brexit en Angleterre en juin dernier et la surprenante victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines ont en commun un fil conducteur : les politiciens traditionnels semblent démunis face aux problématiques du moment.

Dès lors, des questions se posent quant aux bienfaits du libéralisme économique et, accessoirement, de la mondialisation, qui s’est imposée comme panacée à la crise planétaire. Sans doute ne faudrait-il pas jeter le bébé avec l’eau du bain... Il y a du bon et du moins bon dans le capitalisme moderne comme modèle économique.

Ce qui est au coeur des débats en Europe, aux États-Unis et dans nombre d’économies émergentes, c’est la problématique des inégalités sociales engendrées aujourd’hui par un modèle économique qui s’essouffle, s’appuyant sur un libéralisme économique débridé dont la priorité se résume à la recherche d’une forte croissance, qui ne bénéficie, au final, qu’à une minorité.

Thomas Piketty, l’économiste français le plus médiatisé avec son livre, «Le Capital au XXIe siècle», en est arrivé à une simple conclusion : le capitalisme est une machine à produire de l’inégalité. Il part du postulat que, sur une longue période, le rendement du capital est durablement supérieur au taux de croissance économique, entraînant mécaniquement des inégalités croissantes.

Aujourd’hui, un constat s’impose : l’économie mondiale a trop profité aux riches de la société, laissant au bord de la route une masse de gens sombrant dans la spirale de la pauvreté. À tel point que le très sérieux «The Economist» dans son édition spéciale «The World in 2017» est venu rappeler sans détours qu’en Amérique «the proportion of after-tax income going to the top 1% doubled from 8% in 1979 to 17% in 2007».

Du coup, certains économistes, et non des moindres, cherchent à comprendre s’il existe des alternatives économiques à la mondialisation. Celles-ci incarneraient l’espoir des altermondialistes. Joseph Stiglitz, ex-conseiller économique de Bill Clinton, prix Nobel d’économie en 2001, privilégie la relance de la croissance par les dépenses publiques, plutôt que le redressement des déficits par l’austérité budgétaire. Celui qui pense qu’on vit dans un système qui a collectivisé les pertes et privatisé les gains a dans son collimateur trois institutions financières symboles même de la mondialisation : la Banque mondiale, le FMI et l’OMC. Paul Krugman, autre économiste de la nouvelle vague, s’attaque à l’austérité imposée par les gouvernements incapables d’apporter des réponses efficaces à la crise qui secoue le monde depuis 2008.

L’histoire retiendra que les défenseurs d’un modèle économique qui aujourd’hui a atteint ses limites ont permis à un candidat anti-establishment de prendre le pouvoir aux États-Unis en s’appuyant sur des thèses populistes proches de Marine Le Pen en France. Et aux Britanniques moyens, victimes d’une politique libérale et craignant l’invasion des étrangers sur leur sol, de dire oui au Brexit.

Jusqu’où ira la mondialisation, ce capitalisme sans coeur qui, telle une machine détraquée, écrase tout sur son passage ?

L’urgence d’humaniser le système pour permettre un meilleur partage des richesses économiques constitue aujourd’hui, plus que jamais, une réponse aux problématiques de la mondialisation.