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Les sept berlines du Dr Alvaro Sobrinho…
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Les sept berlines du Dr Alvaro Sobrinho…
Où se cache le multimilliardaire Alvaro Sobrinho ? Pour qui et pourquoi a-t-il acheté, à Maurice, sept voitures de luxe (quatre Range Rover et trois Jaguar) au prix de Rs 40 millions ? Pour des politiciens ou des hauts fonctionnaires qui l’ont aidé à tisser sa toile ou pour ses proches amis ? Pourquoi voulait-il, à tout prix, une licence bancaire – et ce, dans le sillage de la fermeture de la Bramer Bank ? Pourquoi, après une due diligence, la Banque centrale a refusé de lui octroyer une Banking Licence alors que la Financial Services Commission (FSC) lui a octroyé deux licences pour opérer deux fonds d’investissement, le 27 août 2015, en moins de quinze minutes ? Sur les conseils de qui Pravind Jugnauth a-t-il introduit le concept d’une Investment Banking and Corporate Advisory License dans son discours du Budget, en 2016 ? Est-ce pour contourner la Banque centrale ? Pourquoi toutes les banques commerciales du pays – à l’exception de deux banques – ont-elles refusé d’avoir le Dr Sobrinho comme client ? Et pourquoi, comme dans le cas de la BAI, la FSC ferme les yeux ou donne sa bénédiction ?...
Autant de questions qui méritent des réponses de la part de ceux qui ont côtoyé Sobrinho ou qui veulent combattre la corruption chez nous. Cela fait pas mal de temps que son nom circule dans les milieux de la haute finance. Tantôt on le comparaît à Keitan Somaia, tantôt à Dawood Rawat – en bien plus riche (dans les deux cas).
Pour beaucoup d’observateurs, la fondation Planet Earth Institute, axée sur la promotion de la science, de la technologie et de l’innovation en Afrique, n’était qu’une couverture et la bonne foi mauricienne aura été trompée. En raison de la personnalité d’Ameenah Gurib-Fakim, nous voulons croire que tel n’est pas le cas.
Tout est lié, d’une manière ou d’une autre. En fait, si les dossiers de Sobrinho commencent à faire surface, c’est largement dû aux développements intervenus sur les plans politiques et judiciaires au Portugal et en Angola. Il ferait partie d’un réseau de businessmen proches de l’ancien régime au Portugal et du président en partance de l’Angola.
Depuis novembre 2015, la droite portugaise qui était proche du pouvoir dictatorial des Dos Santos en Angola a été remplacée par un gouvernement composé d’une «gauche plurielle», soit une alliance historique et inédite entre socialistes, communistes, écologistes et gauche radicale. Cette alliance portugaise surnommée «geringonça» (bringuebalante) enchaîne les succès politiques et économiques. D’ailleurs, le candidat à la présidentielle française Benoît Hamon vient d’effectuer une tournée à Lisbonne pour s’inspirer du modèle portugais : «Ici, les gauches ne sont pas irréconciliables, mais réconciliées (…) Elles ont démontré qu’on peut sortir de l’austérité, retrouver un sillon de croissance, concilier relance économique et progrès social.» Et le progrès social, à Lisbonne, rime avec l’enrayement de la corruption et la fin du copinage entre le gouvernement portugais et le régime angolais.
D’ailleurs, les médias africains font actuellement état de la colère des autorités angolaises qui dénoncent l’inculpation du vice-président du pays, Manuel Vicente, par la justice portugaise dans une affaire de corruption, avertissant que cela pourrait remettre en cause les relations entre Luanda et Lisbonne. Vicente serait le début d’une vaste enquête et ils sont nombreux ceux qui fuient les enquêteurs à chercher d’autres juridictions pour planquer leur magot, comme Maurice…
La mise en cause de M. Vicente constitue «une grave atteinte à la République d’Angola, susceptible de perturber les relations entre les deux États», fait ressortir un communiqué diffusé par le ministère angolais des Affaires étrangères. Le Parquet portugais a annoncé, ce 16 février, la mise en accusation de M. Vicente pour corruption active, blanchiment d’argent et falsification de document. Il est soupçonné, lorsqu’il dirigeait la compagnie nationale pétrolière angolaise Sonangol, d’avoir payé 760 000 euros à un procureur portugais pour classer deux enquêtes sur lui.
Cet ancien magistrat, Orlando Figueira, qui avait été arrêté en février 2016, est actuellement assigné à résidence.
Il est intéressant aussi de noter que M. Vicente était considéré comme le dauphin du président angolais José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 1979. Âgé de 74 ans, Dos Santos a récemment annoncé sa retraite après les élections générales d’août prochain et désigné l’actuel ministre de la Défense, Joao Lourenço, comme successeur. De nombreux Angolais vont pour la première fois être les spectateurs d’un changement de président. C’est dire que c’est un tournant décisif dans l’histoire de l’Angola moderne.
L’intriguant cas Sobrinho doit, donc, être placé sur cette double toile de fond portugo-angolaise. Et pour comprendre la méthode des corrupteurs de haut vol, il serait intéressant de savoir qui roule sur les routes mauriciennes dans les sept berlines payées par Sobrinho…
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