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Les tondus de la République

1 mars 2017, 11:01

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À croire que le mécanisme de transmission est à sens unique. En tout cas, c’est une impression très répandue parmi les contribuables. Lorsque les prix augmentent à l’international, les intermédiaires se font un devoir de les transmettre instamment au public consommateur. Mais lorsqu’ils baissent, le mouvement inverse ne suit pas automatiquement.

À ce titre, la récente hausse de prix des carburants ne manque pas d’interpeller. Depuis la mi-février, les consommateurs doivent débourser Rs 4 supplémentaires sur un litre d’essence qui se vend aujourd’hui à Rs 42,70 et Rs 3 additionnelles sur le litre de diesel. Ce qui revient à
Rs 32,45. L’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) n’a d’ailleurs pas tardé à monter au créneau. Son secrétaire général, Jayen Chellum, condamne avec force l’ampleur de cette augmentation. Un recours à la justice est même envisagé.

Pourquoi un tel tollé lorsqu’il est évident que les cours de l’or noir ont amorcé une ascension ces derniers mois en ligne avec les prévisions de la Banque mondiale ? Celle-ci prévoit, dans son rapport intitulé «Les perspectives des marchés de matières premières», un baril à 55 dollars pour la présente année, soit un bond de 29 % comparé à 2016.

Strictement parlant, le contentieux ne porte pas sur la décision de majorer ou pas mais il concerne plus particulièrement la structure de prix des carburants à Maurice. C’est là où le bât blesse. D’autant plus que cette pratique ne date pas d’hier. Les contrats de couverture mal négociés par des nominés politiques sont également encore vifs dans la mémoire des contribuables. Pendant des années, ils ont dû casquer en raison de l’incompétence de certains.

L’ancien ministre de l’Énergie, Swaley Kasenally, a tout à fait raison: «l’énorme mur fiscal déforme et exagère le prix final payé par le consommateur». Sous forme de diverses taxes, l’État ponctionne Rs 25,22 sur le litre d’essence et Rs 16,28 sur le litre de diesel. Une véritable manne financière mais qui est loin de créer un feel good factor. Cela, alors que le pays en a bien besoin. Tout comme nous avons raté une occasion lorsque le prix du pétrole était en chute libre sur le marché mondial de le répercuter efficacement sur les consommateurs. Une telle démarche aurait pu contribuer à la création de ce cercle vertueux réclamé à cor et à cri pour sortir le pays de son état de stagnation économique.

Au lieu de cela, les consommateurs impuissants se préparent à une vague d’augmentations. Car les distributeurs ne font que leur passer la balle à travers un relèvement de prix. Du point de vue des consommateurs comme des producteurs, cette situation n’est pas de très bon augure. D’abord pour les consommateurs, l’inflation commence à pointer le bout du nez. De 1 % en 2016, le taux devrait grimper à 2,5 % cette année, estime la Banque de Maurice. Il est important de garder un œil également sur la compétitivité du Made in Mauritius dans la mesure où les fabricants devront tôt ou tard ajuster leurs prix.

Est-ce la meilleure solution de garder la structure de prix inchangée alors que le pays est en quête de nouveau relais de croissance ? Face à un taux d’investissement historiquement bas et des exportations fébriles, ne devrions-nous pas plutôt offrir un bol d’air frais à l’économie ?