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Fuite des cerveaux

22 mars 2017, 12:03

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Le phénomène n’est pas nouveau mais selon plusieurs études, il s’est amplifié. Maurice, comme nombre de pays africains, n’est pas épargné.

À en croire les projections, le départ de jeunes Africains qualifiés vers d’autres cieux ira en s’accentuant. De 7 millions en 2013, le chiffre pourrait grimper à 34 millions d’ici à 2050. Le Fonds monétaire international (FMI) prévient que cet exode ne sera pas sans conséquence, notamment pour la région la plus touchée du continent. L’Afrique subsaharienne, dont la croissance a atteint son plus bas niveau en 20 ans à 1,4 %, assiste, impuissante, à l’effritement de son capital humain.

Robert Mugabe, le président du Zimbabwe depuis 1980, en sait quelque chose. Il l’a souligné lors de la rencontre avec ses pairs du continent à l’occasion de la Plateforme Économique Africaine, cette semaine. Des propos qui ne serviront toutefois strictement à rien s’ils ne sont pas suivis d’actions concrètes pour endiguer le fléau. Mais avant de se pencher sur des stratégies pour retenir ceux qui partent, voire pour les faire revenir, il s’agit avant toute chose de comprendre les raisons de cet exode.

Pourquoi partent-ils ? Des experts qui ont examiné la question constatent dans un document intitulé Global Talent Flows que la «hausse exceptionnelle de migrants hautement qualifiés dans les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) est le résultat de plusieurs forces, y compris des efforts déployés par les décideurs politiques pour les attirer». C’est dire que ces pays reconnaissent et valorisent le capital humain, d’autant plus qu’il est l’un des principaux vecteurs de croissance économique. Qu’en est-il de la situation à Maurice ?

Un sondage datant de 2013 réalisé par la firme Moriscopie auprès des jeunes nous éclaire à ce sujet. Désabusés, ils ne sont que 27 % à estimer avoir un avenir à Maurice. Un sentiment tout à fait compréhensible dans la mesure où ces jeunes considèrent «le manque de backing politique» comme étant parmi les principales raisons expliquant leurs difficultés à se faire embaucher.

Face à un avenir bouché où transparence et méritocratie ne sont que de vains mots, les jeunes Mauriciens n’ont qu’une idée en tête : prendre le large. Il n’y a qu’à voir le nombre de candidats à l’émigration et la liste de lauréats qui ne rentrent pas au pays pour s’en rendre compte.

Le comble, c’est que non seulement nous n’arrivons pas à retenir ceux qui s’en vont, mais nous ne sommes pas capables, non plus, d’attirer ceux qui pourraient envisager un retour vers la mère patrie. À décembre 2015, Maurice recensait une population de sa diaspora de l’ordre de 200 000. Une mine d’expériences, de compétences et de talents dont le pays a grandement besoin pour atteindre un nouveau palier de développement.

Or, pour faire revenir ceux qui se sont expatriés, nous ne pourrons pas compter uniquement sur des arguments fiscaux. Le gouvernement aurait tort de croire que seule une campagne de séduction axée sur les attraits du Mauritian Diaspora Scheme incitera les Mauriciens installés ailleurs à faire la queue au comptoir de l’immigration pour rentrer !