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Instinct de survie

29 mars 2017, 09:02

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Un véritable champ de bataille. Le ministre de l’Industrie et du commerce a bien résumé la situation sur le marché de l’exportation. Le constat ayant été dressé, il incombe désormais à Ashit Gungah et au gouvernement d’armer les opérateurs économiques afin d’y faire face.

Dans l’attente de prendre connaissance de la stratégie nationale d’exportation – le dévoilement est prévu pour ce vendredi – les entreprises continuent de se ronger les sangs. En cause, l’extrême volatilité qui est en train de redessiner la carte du commerce mondial tout en imposant de nouveaux défis aux industriels. Le divorce programmé du Royaume-Uni de l’Union européenne avec l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne, le 29 mars, caractérise ce nouvel environnement opérationnel.

Face à ces vents contraires, les capitaines d’industrie n’ont d’autre choix que d’ajuster leur mode de fonctionnement. Mais nombre d’entre eux, pas suffisamment équipés pour affronter une concurrence accrue, accusent le coup en ces temps incertains. En témoigne, la baisse de 8 % des exportations des Export-Oriented Enterprises l’an dernier. Une tendance baissière qui se poursuit cette année.

Le bulletin mensuel de l’institut des statistiques révèle à ce titre que les exportations totales du pays pour le mois de janvier ont chuté de 23,2 % pour s’établir à Rs 5,5 milliards comparé à des recettes de Rs 7,1 milliards pour la période correspondante en 2016. Un recul qui a lourdement impacté le déficit de la balance commerciale. Celui-ci s’est creusé de pas moins de 90,6 % pour atteindre Rs 8,7 milliards durant cette période.

Autre fait marquant : le Royaume-Uni a cédé sa place de premier acheteur du 'Made in Mauritius'. Il est devancé par les États-Unis en janvier.

Ceux qui produisent pour le marché domestique ne sont pas mieux lotis. C’est d’ailleurs ce que nous expliquent plusieurs capitaines d’industrie dans le cadre de notre dossier, cette semaine. À l’instar de certaines entreprises exportatrices, ils sont nombreux à avoir opté pour la délocalisation de leurs chaînes de production pour ne pas être éjectés du marché. La stratégie de survie est classique : fabriquer dans les juridictions à faibles coûts et, lorsque cela fait sens économiquement, acheminer les produits à Maurice afin d’être empaquetés et distribués.

Ces ajustements s’avèrent plus que nécessaires, aux yeux des opérateurs, eu égard aux difficultés qu’engendre au quotidien la politique d’ouverture en cours depuis plusieurs années. Toutefois, ce sont les employés qui paient le prix fort. Des centaines d’emplois sont détruits chaque année. En 2016, les entreprises tournées vers l’exportation ont licencié 1 290 personnes, pour la plupart des Mauriciens. Les filières les plus touchées par ces pertes d’emplois sont le textile et l’habillement ainsi que la joaillerie.

Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, le «new normal» va perdurer sinon s’accentuer, compliquant davantage la tâche des entreprises déjà en proie à des difficultés. Les producteurs locaux devront donc continuer à faire preuve de créativité et d’innovation tout en essayant de développer des stratégies communes afin de mutualiser les coûts. Ce qui permettra de réaliser des économies d’échelle, voire des gains précieux en productivité.

Certes, il n’est pas toujours évident de trouver des partenaires partageant la même vision du développement, mais c’est un pari à relever. L’intelligence collective est un moteur de croissance et d’innovation par excellence.